16 septembre 2007

« Déchirures » de Sire Cédric

« Déchirures » est le premier recueil de Sire Cédric. Ayant participé auparavant à l’écriture d’articles pour des magasines et des anthologies, ce livre le propulse au rang d’écrivain à part entière.

« Déchirures » est un ensemble de neuf nouvelles, toutes aussi dérangeantes les unes que les autres. Chacune lie le lecteur d’une manière assez étroite avec son contenu. Elles nous touchent, nous faisant passer par diverses strates émotionnelles allant de la répulsion à l’angoisse en passant par la jubilation. Des sentiments assez contradictoires.
Au travers de ces nouvelles, l’auteur nous dépeint notre réalité, tout en y glissant des créatures infernales. Celles-ci sont là pour illustrer nos pires penchants, ceux enfouis au plus profond de notre être. Ils nous montrent que la frontière présente en nous entre le bien et le mal est très mince.

On sent dans l’écriture de Sire Cédric l’influence de Poppy Z. Brite. Les descriptions sont sanglantes, les détails morbides, et malgré toute la violence mise en avant, celle-ci se fond naturellement sous la plume de l’auteur.
A la lecture nous ne restons pas indifférents devant les péripéties vécues par chaque protagoniste. Nous sommes pris à la gorge, la peur s’insinue vite en nous, les nouvelles sont courtes et vont vite à l’essentielle. Par cette construction nous n’avons pas le temps de reprendre notre souffle et c’est en apnée que nous dévorons chaque nouvelle.

Dans « Déchirures », Sire Cédric ne se contente pas de remettre au goût du jour certains mythes existants, tel que le vampire ou le lycanthrope, il en propose de nouveaux, tous illustrant notre dure réalité. L’individualisme est exacerbé. C’est le mal de notre époque, la perte de sentiments charitables envers l’autre qui est mis en avant dans chacune des nouvelles.

A travers ces neuf textes, Sire Cédric prouve qu’il est un conteur et un créateur d’univers. « Déchirures » est un recueil dérangeant à souhait. Pour ceux qui souhaitent découvrir le monde sombre et gothique de l’auteur, accrochez-vous. Sire Cédric n’y va pas en douceur, et chaque page lue vous entraînera un peu plus profondément dans la noirceur des sentiments humains.
Ames sensibles s’abstenir.



Ed. Nuit d’Avril – 2005

9 septembre 2007

« Une Seconde Avant Noël » de Romain Sardou

« Il faut qu’un présent soit une fête ! Déjà ! Avant même que l’enfant l’ait ouvert »

Le Père Noël existe ! Que ceux qui croyaient le contraire reviennent sur leur jugement, car Romain Sardou nous prouve son existence avec « Une Seconde Avant Noël ».

1851, dans une ville industrielle anglaise, le petit Harold à une vie pénible. Il vit sous les ponts, en compagnie de son ami, et père adoptif, le Falou. Un vieil excentrique, qui apporte à l’enfant les fondements du savoir, et des moments de rêverie avec ses merveilleuses histoires.
Mais les progrès de la société ne laisse plus la place aux êtres imaginaires. Ceux-ci ont fuit le monde des hommes. Et depuis le « Grand Départ » la croyance des hommes s’amenuise. Les êtres féeriques vont totalement disparaître.
Une mission est donnée au génie Balek. Il doit trouver celui qui ramènera le merveilleux dans le cœur des hommes.
De son côté, Harold ne sait pas qu’il est promis à un fantastique destin. Alors qu’il pense avoir touché le fond, sa vie va subir un grand bouleversement. Guidé par un génie qui lui est invisible, il va vivre un voyage extraordinaire, avec des lutins, des fées, des rennes volants et un arbre magique.

« Une Seconde Avant Noël » démarre comme un roman classique, avec une forte influence dickensienne. L’intrigue commençant dans l’Angleterre du XIXe siècle. Nous suivons les péripéties d’Harold, alors qu’il va d’injustice en injustice, subissant le monde des adultes de l’époque. Mais l’histoire évolue vite vers le fantastique, ne laissant au réalisme qu’une légère part.
Dans ce roman, l’auteur s’amuse beaucoup, il nous prend à parti avec de petites interpellations directes, et nous embringue dans cette jolie histoire. L’écriture paraît désuète, voir naïve, mais c’est ce qui fait le charme de ce roman. Cette écriture simple nous entraîne dans ce monde de neige et de grelots, nous redonnant notre âme d’enfant. Nous partons à la rencontre d’un homme qui nous a fait rêver étant petits. Celui qui se pare d’un manteau rouge et d’un bonnet de la même couleur, traversant nos cieux sur son grand traîneau tiré par des rennes volants.

« Une Seconde Avant Noël » est un livre très émouvant qui fait rêver. Lorsqu’à la fin nous vivons le premier Noël d’Harold, une petite boule se forme dans notre cœur, nous rappelant ces instants magiques que nous vivions étant enfants. Ces moments où nous souhaitions rester éveillés pour entrapercevoir le Père Noël.
Ce roman est un magnifique conte qui s’adresse aux enfants comme aux adultes. Un livre qui séduira toute la famille.




Ed. XO – 2005

« Insomnie » de Stephen King

Ralph Roberts, retraité de soixante dix ans, vit une vie normale avec sa femme. Il a de gentils voisins, de vieux amis. La vie calme et sereine de tout retraité dans une petite ville du Maine comme Derry.
Tout a l’air idyllique mais voilà, Carolyn son épouse meurt, emportée par une tumeur au cerveau. Son gentil voisin, Ed Deepneau, bat sa femme et a parfois des attitudes frôlant la folie. Et les vieux amis de Ralph commencent aussi à se comporter bizarrement…
Depuis, Ralph se réveille un peu plus tôt chaque matin, se retrouvant dans l’incapacité de se rendormir. Au départ ce petit dérèglement lui semble anodin, mais plus les jours passent et moins il arrive à récupérer ce sommeil qui lui échappe. Prenant ce problème au sérieux, il va tenter de le résoudre. Mais rien n’y fera, ni les remèdes de bonnes femmes, ni les nuits blanches. Les somnifères restent sans effets, et ses recherches à la bibliothèque sur l’insomnie ne lui apportent pas plus de solutions. Ses nuits vont continuer de se raccourcir.
C’est alors qu’il commence à voir des choses étranges, tout un monde, jusque là insoupçonné, d’auras et de couleurs qui apparaissent et disparaissent autour des gens. D’étranges petits personnages lui sont révélés. Deux petits docteurs chauves armés d’une longue paire de ciseaux venant visiter ses voisins la nuit, et un troisième aux dents pointues qui brandit un scalpel rouillé. Est-il en train de perdre la raison ? Ralph a-t-il été propulsé à un autre niveau de conscience ?

Dans ses histoires, Stephen King n’a pas son pareil pour faire surgir toutes sortes de créatures, et plus particulièrement à Derry. Rappelez-vous les frasques de cet étrange clown qui voulait offrir des ballons aux enfants de cette ville ! Nous voici de retour dans ses rues, six ans plus tard.
Avec « Insomnie », Stephen livre un nouveau chef d’œuvre. Contrairement à d’autres romans de l’auteur, la peur n’y a pas une place centrale. Elle est là, palpable, mais pas omniprésente. L’intrigue est bien menée, l’angoisse monte crescendo jusqu’au dénouement final.
« Insomnie », c’est « le rêve » d’un vieil homme qui n’arrive plus à dormir. Un homme qui prend petit à petit conscience que le monde dans lequel il évolue n’est peut être pas unique, et qu’il serait que le rez-de-chaussée d’une Tour. Pour ceux qui ont lu, ou lisent le cycle de « La Tour Sombre », ce roman en est une connection. Les protagonistes principaux nous emmènent en balade à l’intérieur de l’édifice, et nous ferons la connaissance d’un personnage qui aura son importance dans le dernier volume de la grande saga.
« Insomnie » est un très bon roman alliant merveilleux, angoisse et mythologie, Stephen King revisitant à travers cette histoire le mythe des Parques, ces divinités romaines maîtresses du sort des hommes.

Après la lecture de ce roman, vous ne dormirez plus de la même manière. Et peut être aurez-vous envie de savoir ce qu’il se cache dans la plus haute pièce de la Tour.



Ed. Livre de Poche – 1994

« Leïlan » de Magali Ségura - L’intégrale de la trilogie

« Il est un royaume mystérieux que l’on nomme Leïlan, le pays des Illusions. »

Découverte avec une nouvelle récompensée par le Prix Bob Morane Imaginaire 2000, Magali Ségura nous offre avec « Leïlan » un roman épique sur fond de Fantasy.

Imaginez un monde de magie. Un monde où tous les prodiges sont possibles. Ce monde se nomme Leïlan.
Mais depuis la mort de la troisième princesse et de la Reine, ce royaume qui semblait si prospère, est frappé par le sceau du malheur. Avec la disparition de la petite héritière, la prophétie des Fées de l’Est ne pourra pas se réaliser. Depuis cette terrible tragédie le Roi est aveuglé par le chagrin, il laisse son royaume sous les ordres du Duc Korta d’Alequant. Or celui-ci a d’autres projets. Notamment de subtiliser le trône, plongeant le monde de Leïlan dans la misère avec l’aide d’Ibbak l’Esprit Sorcier.
Depuis deux ans, un étrange justicier a fait son apparition dans la Grande Plaine, déjouant les plans du Duc, redonnant l’espoir au peuple.
Qui se cache derrière le Masque ? Ce héros dont l’identité est scrupuleusement gardée secrète.
Que va-t-il advenir du royaume de Leïlan ?

A travers la trilogie de « Leïlan », Magali Ségura nous emmène pour un très beau voyage dans les contrées enchanteresses du pays de l’Est.
Tout au long du récit, elle distille tous les ingrédients des grands contes d’aventures, mettant en exergue les valeurs de l’amour, de l’honneur, de la solidarité. Son héroïne principale apporte une touche d’originalité à l’histoire. Avec ses talents de conteuse, elle offre une nouvelle dimension au roman de Fantasy, les trois tomes de cette saga se dévorent d’une traite.
Dès le début nous sommes pris par cette très belle histoire. Aucun temps mort, chaque élément est savamment amené, et l’intrigue se déroule avec beaucoup de naturel. A tel point qu’on en oublie que le monde dépeint au fil des lignes est imaginaire. Nous vivons et vibrons avec les compagnons du Masque.
Les personnages sont présentés avec beaucoup de réalisme. On s’attache assez vite à la petite Compagnie du héros masqué, et chaque protagoniste gagne en profondeur au fur à et mesure de la lecture.

Une œuvre difficile à lâcher, tant l’histoire est prenante. Alors que l’émotion nous submerge, nous tournons les dernières pages et quittons le monde de Leïlan. La séparation est douloureuse alors que le livre doit être refermé.

Un roman magnifique, et émouvant, que je conseille aux amateurs de Fantasy et de romans de cape et d’épée, dont « Leïlan » est un savoureux mélange.


Ed. Bragelonne – 2007

21 août 2007

« Jessie » de Stephen King

Parmi le grand nombre de romans écrits par Stephen King, en voici un des plus dérangeants. Une petite visite dans l’angoisse de la solitude…

Tu as l’air fine Jessie maintenant que tu es menottée à ce lit. Ne serais-tu pas un peu sotte à accepter tous les caprices de ton mari ? Hein ? Franchement. En plus, ça ne t’emballait pas au départ. Regarde-toi maintenant, qu’est-ce que tu vas faire ? Tu te retrouves dans ce chalet isolé, nue, attachée, et l’autre qui est étendu sur la moquette. Il ne risque pas de venir t’aider, il est claqué. Ca veut faire des galipettes, ça invente des jeux tordus, et paf, c’est la crise cardiaque. C’est bête le destin des fois. Qu’en penses-tu ? Lui il s’en fout il est mort, mais toi tu es encore bien vivante ! Mais pour combien de temps ? Attachée comme tu l’es tu ne peux pas partir. Les clés des menottes sont hors de portée. Le téléphone je ne t’en parle même pas, comment veux-tu t’en servir sans tes mains ! Tu veux hurler ? Il n’y a pas de voisins, donc tu peux t’égosiller autant que tu veux ça ne servira à rien. Et tu sais quoi ? Nous sommes en plein été. Tu risques d’avoir soif, faim aussi, tu n’es qu’un être humain après tout. Comme tout être humain tu vas avoir des besoins à assouvir.
Je ne veux pas te saper le moral mais là je crois que tu es bien dans la merde ma pauvre Jessie. Combien de temps vas-tu tenir ?

Ce roman est un huis clos dans la tête de Jessie. Cette femme d’âge mûr, va passer par tous les stades de l’angoisse jusqu’à la panique la plus totale. Et quand on se retrouve menottée à un lit, il peut s’en passer des choses dans votre tête. Au début vous allez essayer de raisonner, il faut absolument trouver une solution pour se sortir de là. Mais au bout d’un certain nombre d’heures, voir de jours, votre esprit commence à sombrer dans la folie. Les hallucinations arrivent, nourries par la faim qui vous tenaille, et cette soif atroce que vous ne pouvez assouvir.

« Jessie » est le livre de Stephen King qui m’a fait le plus d’effets. Jamais je n’ai lu un roman qui me plonge autant dans l’angoisse. A la lecture d’un chapitre, mon imagination était tellement sollicitée que j’ai cru tourner de l’œil. Imaginez, vous êtes bien installés, votre livre entre les mains, et vous sentez le malaise qui arrive. Il y a des livres comme ça qui vous prennent tellement aux tripes que les effets se font ressentir jusque sur votre organisme, « Jessie » fait partie de ceux là.
Stephen King s’amuse avec son héroïne, devenant presque sadique. Nous la voyons s’enfoncer toujours un peu plus dans ses délires. L’auteur lui fait vivre un véritable cauchemar dont elle ne ressortira pas indemne.

Ce roman se lit d’une traite, même si par moment vous n’avez qu’une envie, le refermer tant les images sont fortes. Mais la curiosité de connaître la suite est bien plus forte et vous continuez. Vous vous sentez mal mais vous voulez aller jusqu’au bout. Encore un chef d’œuvre pour le maître de l’angoisse.

Mesdames et mesdemoiselles, méfiez-vous si votre compagnon vous propose des petits jeux coquins avec des menottes, on ne sait jamais comment ça peut tourner…


Ed. Livre de Poche – 1992


« Cujo » de Stephen King

Dans l’œuvre de Stephen King, l’angoisse est décortiquée dans tous les sens. Il sait mettre en exergue nos pires cauchemars en faisant ressurgir les monstres qui étaient planqués sous notre lit ou dans le placard. Ceux qui nous effrayaient tant, la lumière une fois éteinte. Mais il est d’autres angoisses qu’il sait mettre en valeur, des situations qui peuvent être très réelles.

Cujo est un Saint-Bernard âgé de 5 ans. Depuis qu’il est arrivé dans la famille Camber, il est tout ce qu’il y a de plus affectueux. Pour Brett, Cujo est devenu son meilleur ami. Seulement, un jour alors qu’il poursuit un lapin, Cujo va se retrouver coincé dans l’entrée d’un terrier. A force d’aboiements et de gesticulations, les chauves-souris présentes dans ce refuge vont finir par s’en prendre à cet intrus fort bruyant, et lui inoculer le virus de la rage suite à une morsure au museau.
Petit à petit, le pauvre animal va plonger dans un enfer de souffrance. Se jetant sur tout ce qui pourrait justifier cette douleur qui le tenaille, l’amenant à la folie. Une folie meurtrière.
La famille Trenton traverse une période difficile. Tad, le fils, a des nuits agitées. Comme tous les enfants de son âge, il croit voir un monstre tapi dans son placard.
Donna vit mal sa situation de femme au foyer. Elle fini par avoir une relation extraconjugale, à laquelle elle souhaite maintenant mettre un terme. Mais c’est sans imaginer les conséquences désastreuses que cette décision va entraîner.
Vic, père de famille heureux, doit partir en voyage d’affaire pour essayer de conserver son plus gros client et surtout faire survivre son entreprise. A quelques jours de son départ, sa femme lui apprend qu’elle l’a trompé. Ne pouvant faire autrement Vic part tout de même pour Boston, mais là-bas il sera à cent lieues de se douter que les vies de sa femme et de son fils seront menacées par un Saint-Bernard enragé.

Dans « Cujo », nuls fantômes, vampires, extra-terrestres et autres créatures diaboliques, il s’agit juste d’un malheureux chien atteint d’un mal qui lui fait perdre la raison. Stephen King nous narre l’histoire d’un animal qui plonge dans la terreur toutes ses potentielles victimes.
Un roman palpitant, un chef d’œuvre de suspense, qui nous plonge dans une angoisse telle que l’on en ressort avec des sueurs froides. On ne peut s’empêcher de frissonner durant tout le récit, et notre tension est palpable quand vient le dénouement.
Ce qui fait que cette histoire a un tel pouvoir sur le lecteur, c’est qu’elle pourrait être vraie. La situation dans laquelle se retrouvent Donna et Tad pourrait être vécue par n’importe lequel d’entre nous. Et lorsque nous refermons ce roman, le regard halluciné, nous nous demandons comment nous aurions fait nous pour survivre.

Un de mes romans préféré de Stephen King. Malgré les longueurs au début, on a hâte de rentrer dans le vif du sujet, ce roman se dévore d’une traite. Tel un animal enragé nous tournons les pages pour savoir quel sera l’épilogue de cette sombre histoire. Un livre que je vous conseille.
Mais verrez-vous les chiens de la même manière après l’avoir refermé ?


Ed. Livre de Poche – 1981

20 août 2007

« Requiem » de Graham Joyce

Quête de l’amour perdu, enquête mystique, « Requiem » est un récit envoûtant aussi hanté que son héros, aussi envoûtant que son décor millénaire.

« Requiem » est le quatrième roman de l’auteur britannique. C’est à la suite d’un voyage à Jérusalem que Graham Joyce trouve l’inspiration pour cette histoire. Un roman flirtant avec un fantastique inspiré et subtil.

Cela fait un an qu’il a perdu sa femme. Un an que Katie est partie suite à un tragique accident, un arbre s’étant abattu sur sa voiture alors qu’elle rentrait de la messe. Le côté absurde de cet accident fait que depuis Tom Webster est hanté. Il est la proie de la culpabilité, pensant que c’est à cause de lui qu’elle est morte. Chaque nuit il entend des coups frappés à la porte, des voix qui essaient de lui révéler des secrets. Et si ça ne suffisait pas, il ne supporte plus de subir les regards de ses collègues de travail, et les insultes inscrites sur le tableau noir de sa classe.
Totalement dévasté, Tom donne sa démission. Il décide de quitter l’Angleterre pour s’éloigner de ces phénomènes et des souvenirs qui le rattachent à sa défunte épouse, il part pour Jérusalem retrouver une vieille amie, Sharon.
Arrivé dans la ville sainte, Tom va rencontrer son fantôme, son djinn. Celui de sa culpabilité, de son amour perdu. Une apparition prenant tour à tour les traits de Katie, de Sharon, d’une élève dont il était tombé amoureux, mais aussi de Marie Madeleine. Un fantôme vieux de 2000 ans.

« Requiem » est une histoire où se mêlent amour, religion, hallucinations, folie et fureur. Celle du héros prit dans ce terrible engrenage, où il ne sait plus démêler le réel de ses hallucinations, tant son esprit plonge dans la confusion. Un roman fantastique centré autour de Jérusalem et de personnages forts en quête de rédemption.
Le fantastique s’insinue dans l’histoire par touche légère, laissant le lecteur sur ces interrogations. Ces apparitions sont-elles dues à des phénomènes paranormaux ou juste le résultat des névroses des protagonistes ?
Au moment où des manuscrits de la Mer Morte sont introduits dans l’histoire, nous nous demandons si « Requiem » ne va pas être un énième clone du « Da Vinci Code », ou plutôt le contraire, le roman de Dan Brown étant sorti bien après. Mais ces écrits sont plus là pour nous éclairer sur les problèmes mentaux de Tom que pour nous révéler de nouveaux secrets sur la vie du Christ. J’en viens de plus en plus à me demander si Dan Brown n’a pas pioché chez divers auteurs pour faire un joli cocktail de « déjà vu » et nous sortir son roman phénomène. Mais là je m’égare.

« Requiem » est un excellent roman. Trois éléments essentiels de l’existence, l’amour, la folie et la mort, y sont savamment distillés. Graham nous offre un merveilleux voyage, un livre sombre à souhait, qui nous pousse à nous interroger un peu plus sur les maladies mentales.
Nous portons tous notre propre folie, celle qui perturbe notre esprit et nous pousse à rendre réels nos mensonges…


Ed. Bragelonne – 1995

16 août 2007

« Le Papillon des Etoiles » de Bernard Werber

"Cette planète est notre berceau mais nous l'avons saccagée. Nous ne pourrons plus jamais la soigner ni la retrouver comme avant. Quand la maison s'effondre, il faut partir. Recommencer tout, ailleurs et autrement.
Le Dernier Espoir, c'est la Fuite."


Pour nous faire patienter avant la sortie du troisième volet du cycle des Dieux, Bernard Werber propose une odyssée dans l’espace. Un joli conte fantastique dans les étoiles.

Notre monde est en pleine auto destruction. Guerres, terrorisme, dictature, famine, fanatisme religieux, révolte des banlieues, dérèglement climatique… la liste est longue.
Pour Yves Kramer, jeune ingénieur en aéronautique, la bataille semble perdue, jamais nous ne pourrons améliorer les choses. L’humanité court à sa perte. Le dernier espoir, c’est la fuite. Un soir, il va avoir l’idée folle de ressortir le projet de son père. Construire un immense voilier de l’espace.
Aidé d’un milliardaire excentrique, le projet « Dernier Espoir » va être mis en place. Le but, partir vers un nouveau système solaire, pour recréer la vie sur une nouvelle planète et tout recommencer à zéro, mais en mieux. Le rêve de l’ingénieur devient réalité. Le « Papillon des Etoiles », gigantesque voilier de 32km de long propulsé par des voiles solaires grandes comme un continent, prend son envol pour un voyage interstellaire de plus de 1000 ans. A son bord 144 000 candidats sélectionnés avec soin, ainsi que les différents représentants de la faune et de la flore terrestre. Même Domino, le petit chat noir et blanc de l’auteur, est de la partie. La petite boule de poil ne manquera pas une occasion pour se faire remarquer, et ainsi détendre l’atmosphère dans le vaisseau.
Arriveront-ils à destination ? Réussiront-ils à faire mieux ?

Avec ce roman, Bernard Werber nous entraîne une nouvelle fois dans le rêve. Plus de 1000 ans d’histoire en 200 pages environ. Je ne vous cache pas que tout va très très vite. Le style est épuré, l’auteur ne s’attarde pas sur des détails, nous filons à la vitesse de la lumière vers le nouvel Eden.
Les thèmes de l’écologie et du fonctionnement d’une société sont omniprésents tout au long de l’histoire. Mais l’homme répète inlassablement les erreurs commises par le passé. A peine sorti de notre système solaire, nostalgie, jalousie, haine réapparaissent et détruisent peu à peu la belle idéologie de ce voyage, la reléguant au rang d’utopie. Les nouvelles générations, nées dans le vaisseau vont traverser des périodes de guerres et de paix semblables à celles connues sur la Terre. Essayez de chasser le naturel, il revient au galop. Le constat est sans appel, la violence est inscrite dans les gènes des humains.

Un roman que j’ai, une nouvelle fois, adoré. Je crois que je suis tombée amoureuse de l’œuvre de M. Werber. Beaucoup ont descendu ce livre, me concernant ce sera l’inverse. Je recommande cet ouvrage aux fans, mais aussi à ceux qui ne se sont jamais penchés sur les livres de Bernard. Cet auteur a le don de nous faire rêver, et de nous mettre face à notre nature profonde, nous amenant à de grandes réflexions.
Je ne dirai qu’un seul mot pour conclure, bravo !


Ed. Albin Michel – 2006

14 août 2007

« Le Livre du Voyage » de Bernard Werber

« Imaginez un livre qui serait comme un ami de papier.
Imaginez un livre qui vous aide à explorer votre propre esprit.
Imaginez un livre qui vous entraîne vers le plus beau, le plus simple et le plus étonnant des voyages.
Un voyage dans votre vie.
Un voyage dans vos rêves.
Un voyage hors du temps.
Ce livre vous le tenez entre vos mains. »

« Le Livre du Voyage » n’est pas un livre comme les autres. C’est une belle rencontre entre toi, moi, nous les lecteurs, et le livre. Comme toute belle rencontre, le livre commence par se présenter. Nous faisons connaissance, il nous invite à tourner ses pages. Pour bien le lire, il nous propose de nous mettre dans de bonnes conditions, le choix du lieu, l’atmosphère, il nous faut un endroit calme, où nous pouvons être totalement relaxés. Il veut nous inviter à un fabuleux voyage, dans notre esprit, dans nos rêves. Nous acceptons le contrat et partons.
Nous quittons notre corps et nous envolons vers les cieux. Nous devenons un albatros, et voulons conquérir le ciel. Nous survolons terres et océans, et partons à la découverte de nos mondes, liés aux quatre éléments. Et durant toute cette escapade, notre nouvel ami va nous inciter à nous servir de notre imagination. Cette capacité à créer, enracinée dans notre esprit. Cet imaginaire va alors être sollicité, lui qui est bridé par notre quotidien, nous ne prenons plus le temps de nous évader. Et pourtant, face à l’agressivité grandissante de notre monde, l’imagination est notre première arme.

« Le Livre du Voyage » est bien plus qu’un simple livre. On ne peut pas lui apposer d’étiquette. Cet ouvrage n’est ni un roman, ni un essai, ni un livre de pensée philosophique. Il n’y a pas de héros, aucune intrigue, ni fil conducteur. Juste nous et le livre.
Il est notre accompagnateur, notre guide dans un voyage unique, notre voyage personnel. Tout en douceur, Bernard Werber pousse notre esprit dans notre monde imaginaire, un endroit où l’on aimerait rester le plus longtemps possible. Mais au bout d’une bonne heure de lecture nous nous devons d’atterrir, enlever nos ailes d’albatros pour rejoindre notre corps et le monde qui l’entoure. L’émotion alors nous gagne, nous ne voulons pas le quitter. Mais nous savons que Le Livre ne sera jamais loin. A tout moment nous pourrons nous envoler à nouveau, loin de nos soucis du quotidien, et retourner dans notre refuge.
Au fil des pages, Bernard nous fait prendre conscience des possibilités de notre esprit à s’évader, à partir en exploration vers nos contrées lointaines.

Si un jour je devais partir sur une île déserte, et n'emporter qu’un seul livre, ce serait celui-là, sans hésiter. Merci Bernard pour ce magnifique voyage, et ce livre qui est aujourd’hui mon livre de chevet, celui qui ne me quittera plus. Mon ami de papier vers qui je me tournerai chaque fois qu’un doux besoin de rêver se fera ressentir.

« Je m’appelle « Le livre du Voyage », mais tu peux aussi m’appeler : « Ton livre ». »


Ed. Albin Michel – 1997

13 août 2007

« Thornytorinx » de Camille de Peretti

Premier roman de Camille de Peretti, «Thornytorinx» est une œuvre autobiographique, évoquant la lente et douloureuse descente aux enfers de l'auteur.

Camille a toujours été une princesse, surtout aux yeux de sa mère. Camille est parfaite, une vraie petite fille modèle, et qui, à force de vivre avec cette certitude ne se rend plus compte de la réalité. Elle se doit d’être toujours la mieux habillée, être la plus intelligente et la plus belle, la prise de poids est proscrite.
Camille rêve de devenir actrice. Mais l’influence qu’elle vit va l’amener, finalement, à entrer dans une grande école de commerce, puis dans une banque renommée, pour faire plaisir. Camille s’ennuie, cette vie ne lui correspond pas, elle qui est une princesse et qui se voit sous les projecteurs. De plus, depuis qu’elle a rencontré Jade, le beau ténébreux de l’ESSEC, rien ne va plus, Camille a pris un peu de poids. La princesse qu’elle se doit d’être est en train de devenir monstrueuse à ses yeux. Face à ce mal être, au lieu de l’exprimer à haute voix, Camille va commencer à se faire vomir. D’abord une fois par jour, puis jusqu’à l’obsession. Tout ce qu’elle se voit ingurgiter elle doit le rendre. Camille est devenue boulimique anorexique, exprimant son mal de vivre et sa rage à travers sa relation à la nourriture.

«Thornytorinx» est un témoignage poignant qui dévoile un des tabous de notre société, resté très longtemps sous silence.
L’écriture de Camille est forte, crue, elle nous amène directement dans le vif du sujet, sans détour. Elle nous entraîne dans son enfer. En refermant ce livre on comprend mieux la vie de ces jeunes filles tant obnubilées par leur poids, leur image. Se considérant tout à fait normales, la prise de conscience de leur auto destruction est d’autant plus difficile.
Dans ce long monologue, Camille nous ouvre les yeux et nous offre une image beaucoup plus poignante que dans les reportages de plus en plus nombreux qui ont pu être vus. Les témoignages étant assez courts, et le thème abordé de manière très générale.

Je ne sais pas comment exprimer mon ressenti alors que je viens juste d’achever l’œuvre de Camille. Ce thème m’avait interpellée lors de l’achat. «Thornytorinx» m’a permis de comprendre le déclenchement de ce mal de l’âme, de passer de l’autre côté du miroir et voir l’anorexie par les yeux de l’héroïne.
Au départ, j’ai eu un peu de mal à me faire à ce monologue, me laissant un sentiment mitigé à la fermeture du livre. Mais le témoignage de Camille m’a énormément touchée.
Il y a des livres qui s’oublient très vite, mais celui-ci me laissera une petite trace quelque part.


Ed. Pocket - 2007

11 août 2007

« Acide Sulfurique » d’Amélie Nothomb



Chez Amélie il y a deux types d’ouvrages, ceux autobiographiques, ceux sur le genre humain. Et les deux s’avèrent autant jubilatoires l’un que l’autre.
Amélie Nothomb n’a pas son pareil pour nous dépeindre les pires aspects de l’être humain, quand elle ne s’en prend pas au physique de ses personnages, c’est sur leur aspect psychologique et leurs plus bas instincts qu’elle se délecte à nous offrir une prose sans détour.

« Acide Sulfurique » est une critique de notre société actuelle. Que celui qui n’a jamais regardé une émission de télé réalité se dénonce ! Aucun d’entre nous ne peut prétendre une chose pareille, ou alors c’est que cette personne vit en ermite, au fond d’une grotte, dans une partie du monde totalement abandonnée et inconnue de tous. Car oui, nous avons tous à un moment de notre vie regardé ce genre d’émission. A chaque fois que nous allumons notre téléviseur c’est pour tomber sur un de ces magnifiques exemples de divertissement oh combien pauvre intellectuellement parlant. Et le pire c’est qu’on s’en délecte, on regarde, on ne peut pas s’en passer, notre côté voyeur est mis à l’épreuve et cela devient une dépendance, une obsession. Nous aimons voir le malheur des autres. Peut être pour se rassurer de notre pauvre condition.
Comme vous l’aurez deviné, c’est la télé réalité qui est dépeinte dans cet ouvrage. Mais Amélie n’en fait pas qu’une critique. Sa plume assassine nous offre une version de cette télévision qui pourrait, peut être, voir le jour dans un futur proche, tant les chaînes recherchent toujours plus de sensationnel pour accrocher le spectateur, pour faire de l’audimat. Elle dénonce et montre du doigt, dans un portrait exagéré, ce phénomène qu’on a tendance aujourd’hui à dédramatiser.
« Acide Sulfurique » est aussi un livre sur les sentiments humains. Amélie nous parle de respect, de solidarité, d’amour mais aussi d’égoïsme.

Au fil de la lecture on se dit que l’auteur est vraiment allé très très loin. Et pourtant on le savoure, on n’en perd pas une miette. Je l’avoue j’ai aimé ça, malgré toutes les atrocités écrites dans ce roman.
Un livre qui porte une nouvelle fois à réfléchir sur le comportement des gens, sur notre comportement et sur la société dans laquelle nous vivons actuellement.

« Acide Sulfurique » est un roman exquis qui nous montre encore une fois tout le talent d’Amélie Nothomb. Si je n’ai qu’un seul conseil à donner c’est de le lire. Non, plutôt de le dévorer !



Ed. Livre de Poche - 2007 (Albin Michel 2005)

« Le Syndrome Copernic » d’Henri Loevenbruck

"Ils lui avaient dit qu’il souffrait d’une schizophrénie paranoïde aiguë.
Mais Vigo Ravel le sait : les voix qu’il entend dans sa tête ne sont pas des hallucinations.
Ce sont les pensées des gens.
Les vôtres."

Et oui, encore une chronique sur un roman d'Henri. Après le « Testament des Siècles », voici le deuxième thriller de ce cher auteur qui nous emmène sans cesse en escapade, enchantant le lecteur depuis la parution de ses deux cycles de fantasy, la «Moïra» (qui est ressorti aux éditions Bragelonne en version intégrale en Juillet 2007) et «Gallica», oeuvres dont je vous parlerai une fois prochaine. Bon d'accord j'arrête de l'encenser, mais vous verrez quand je m'attaquerai à Stephen King ou Tolkien !..

Complot d’état ? Hallucinations ? Tout commence le matin du 8 août, un attentat fait s’effondrer la tour SEAM du quartier de la Défense, événement qui ne sera pas sans rappeler le 11 septembre 2001.
Comme chaque semaine, Vigo Ravel se rend dans cet immeuble pour son rendez-vous hebdomadaire avec son psychiatre. Mais ce matin là, il fuit la Tour, poussé par une intuition, une voix qu’il a entendu dans sa tête. A partir de cet instant sa vie va changer…

Dès les premières lignes nous sommes happés dans l’intrigue.
Durant toute la première partie, ce sont les doutes de Vigo qui nous assaillent, est-il schizophrène ou pas ? Les attentats ont-ils vraiment eu lieu ? La réalité dans laquelle il pensait vivre est-elle si réelle que ça ? Dans cette recherche de la vérité, à aucun moment la pression, aussi bien pour nous que pour le personnage, ne se relâche.
Cette pression monte petit à petit jusqu’au déclenchement d’une course poursuite effrénée nous emmenant de révélation en révélation. Chaque élément de l’intrigue que l’on pense avoir élucidé, vient renforcer un peu plus le mystère entourant la vie de Vigo Ravel. Le roman devient presque perturbant, nous amenant à nous poser des questions, on s’impatiente de savoir enfin le pourquoi du comment, et ce jusqu’au dénouement final. Et là c’est le choc, la vérité nous tombe dessus, nous laissant effondrés alors que le voile se lève enfin.
En parallèle du récit, les notes personnelles que Vigo consigne scrupuleusement dans ses carnets Moleskine offrent des repères sur la personnalité et les questionnements du héros, une mine d’information donnant une nouvelle dimension au personnage.

Un roman passionnant, où le rythme s’accélère au fil de l’histoire, un livre qui ne peut se refermer qu’une fois le point final atteint.

La lecture du précédent thriller n’est pas indispensable à la compréhension de cet ouvrage, mais apporte un plus pour le lecteur qui y retrouvera, avec un plaisir non dissimulé, certains personnages présents à nouveau dans cette histoire.

En conclusion, si vous êtes friands de grands complots, jetez vous sur ce roman sans attendre. « Le Syndrome Copernic » est un vrai petit joyau.


Ed. Flammarion Thriller – 2007

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7 août 2007

« Le Testament des Siècles » d’Henri Loevenbruck

Après nous avoir enchantés avec le cycle de la Moïra, Henri Loevenbruck revient avec cette fois-ci un thriller ésotérique très envoûtant.

Cela faisait 11 ans que Damien Louvel avait quitté la France, s’exilant à New York juste après la mort de sa mère. 11 ans qu’il n’avait plus revu ni adressé la parole à son père, mais s’étaient-ils déjà parlés ne serait-ce qu’une fois avant cet exil ?
Suite au décès accidentel de son père, sur une route du sud de la France, Damien revient, laissant son boulot de scénariste afin de régler les quelques détails de la succession. Mais l’héritage laissé par son père s’avère « surréaliste ». Dès cet instant Damien va se retrouver propulsé dans une étrange histoire mêlant un bijou ayant appartenu au Christ, la pierre de Iorden, La Joconde de Leonard de Vinci et la gravure Melencolia de Dürer. Quels sont les éléments reliant ces trois objets ? C’est ce que va tenter de découvrir Damien d’après les recherches initialement entreprises par son père. Aidé par Sophie de Saint Elbe, journaliste de Canal Plus, il va partir en quête du « Testament » de Jésus.

En lisant ces quelques lignes on ne peut s’empêcher de faire le rapprochement avec le « Da Vinci Code ». Mais « Le Testament des Siècles » est né avant l’ouvrage de Dan Brown. Il aura fallut trois années à l’auteur pour enfin donner vie à ce petit chef d’œuvre du thriller ésotérique. Trois années de recherches intensives.
Tous les ingrédients sont là, un mystère à découvrir, des courses poursuites, des sociétés secrètes qui viennent perturber le bon déroulement des recherches, etc. L’intrigue est très bien menée, chaque page est tournée avec un peu plus d’impatience au fur et à mesure de l’avancement de l’histoire, un livre qui ne peut se refermer qu’une fois le mystère solutionné.

Les talents de conteur d’Henri ne sont plus à démontrer, ces personnages sont très réalistes et attachants, l’histoire passe toute seule, les scènes s’enchaînent naturellement et notre imagination se laisse guider au fil des phrases. L’utilisation de la première personne durant tout le récit renforce cette approche, dès les premières pages nous arrivons à voir à travers les yeux de Damien, nous devenons Damien.

Un roman très agréable à lire, prenant, et instructif avec toutes les notes d’Histoire qui viennent étoffer l’intrigue. Personnellement je l’ai déjà lu deux fois, et toujours avec le même plaisir, tout en connaissant la fin nous nous retrouvons à nouveau happé dans l’action et cherchons à en découvrir un peu plus.

« Le Testament des Siècles » est le livre que je recommande sans aucune hésitation à tous les amateurs de mystères ésotériques.


Ed. Flammarion - 2003

3 août 2007

« Les Post-Humains » de Philippe Machine

Ecrit sous un pseudonyme, « Les Post-Humains » est le tout premier roman d'Henri Loevenbruck.
Derrière les quelques 230 pages on sent déjà la patte de cet écrivain qui n’a de cesse, depuis, de nous enchanter avec deux magnifiques cycles de Fantasy, et deux thrillers.

2068, le monde entier est aujourd’hui connecté et ne vit plus qu’au rythme de l’information. Tout se passe sur le Net, travail, relation, la vie de tout un chacun est dépendante du réseau. Sauf que le 27 juin, c’est le black out, en quelques secondes le Net disparaît…

Sur fond de guerre des télécommunications, l’action est lancée dès la première page, et jusqu’à la dernière l’auteur sait nous tenir en haleine, les actions s’enchaînent, aucun temps morts, tout va très très vite.
Les personnages nous sont présentés avec énormément de réalisme, les deux acteurs principaux Domian et Béa sont super attachants, et même MACNO, qui n’est pourtant qu’une « entité » informatique, a beaucoup de profondeur.
Tout au long de ce combat entre ceux qui recherchent le monopole, et les partisans de la liberté, nous transpirons, aucun indice ne nous permet d’entrevoir la « victoire » de l’un ou de l’autre, même lorsqu’un infime espoir apparaît, l’intrigue repart et nous rebasculons dans le doute.
Un livre qui est vraiment difficile à lâcher, le récit est si bien mené que c’est avec impatience que nous tournons les pages pour savoir la suite, pour connaître le sort futur de cette cyber humanité.

Pour un premier roman, « Les Post-Humains » est un très bon thriller d’anticipation qui se dévore d’une traite. Je vous le conseille grandement pour découvrir les débuts d'écrivain d'Henri.


Ed. Baleine – 1998

2 août 2007

« Et Tu Seras Sauvée » de Daniel Angelo

Premier roman, premier thriller ! L’auteur niçois, Daniel Angelo n'y va pas par quatre chemins, son premier livre est absolument étonnant.

Séville, 2004, un serial killer est à l’œuvre chaque soir dans les rues sévillanes. Ses obsessions, Isabel de Castille, et l’époque de la grande Inquisition. La chasse est lancée pour les inspecteurs Simon Attia et Jaime Carmona suite à la découverte, devant la cathédrale, du corps d’une femme affreusement mutilé. Lorsque le tueur s’en prend à l’épouse de Simon, Isabelle, la traque va devenir plus intense, prenant des airs de vengeance. « Le Boucher de Séville » sera-t-il arrêté avant la date fatidique ?

Si au moment d’ouvrir ce roman, vous vous attendez à retrouver le schéma classique de tout bon thriller, et bien non, Daniel va au-delà en nous proposant, certes une enquête avec son lot d’énigmes à déchiffrer, de jeux de piste, mais avant tout trois histoires entremêlées avec un savant mélange de genres, entre polar et fantastique. D’un côté la vision des inspecteurs, de l’autre celle du meurtrier, c’est à travers ses yeux que nous comprenons ses motivations. En parallèle, Daniel nous emmène dans un univers auquel nous ne nous attendons pas. Une sorte de salle d’attente où les âmes des défuntes victimes n’auront de cesse d’intervenir auprès des deux camps.

Ecrit dans un style atypique, « Et tu seras sauvée » peut paraître déroutant au départ, mais au plus nous nous enfonçons dans la lecture, au plus le rythme nous prend à la gorge et c’est essoufflé que nous sortons de cette histoire. Aucun temps mort, les chapitres, certes courts, nous font passer d’une vision à une autre sans nous laisser un moment de répit.
De plus, on sent que l’auteur a mené un énorme travail de documentation, les repères historiques foisonnent. Le lecteur passionné ne pourra s’empêcher d’aller à la pêche aux informations concernant cette époque de l’Inquisition suite à la lecture de ce roman.
La psychologie des personnages est bien présentée, nous nous surprenons à ressentir la peine du veuf Simon et surtout de son fils Léo, ainsi que les tourments présents chez le meurtrier. Je n’ai trouvé qu’un défaut par contre, les personnages sont certes traités avec beaucoup de profondeur au niveau psychologique, mais j’ai eu beaucoup de mal à me les imaginer.
Enfin, pour les fans de Stephen King, Daniel nous gratifie de quelques petits clins d’œil forts appréciables.

Un roman et un auteur qui méritent d’être découverts. « Et tu seras sauvée » rentre dans la lignée des bons thrillers ésotériques, sans pour autant leur ressembler, ce qui est un grand atout. Ce livre a un bel avenir devant lui.
M. Angelo, le prochain s’il pouvait être un petit peu plus long alors je serai totalement conquise !


Ed. Timée-Edition – 2007