24 mars 2008

« Train d'Enfer Pour Ange Rouge » de Franck Thilliez

Depuis six mois, Suzanne, la femme du commissaire Franck Sharko a disparu. Un soir elle quitte le laboratoire expérimental dans lequel elle travaille, mais ne regagnera jamais le domicile. Depuis, son mari vit dans l’attente, l’angoisse, la peur de ne jamais la revoir vivante…
L’affaire qu’il se voit confier, va le faire plonger au plus profond des ténèbres. Le cadavre d’une femme est découvert. Son corps nu est suspendu à deux mètres du sol par huit crochets enfoncés au niveau des omoplates, des lombaires, des cuisses et des mollets. Sa tête a été coupée et posée sur le lit, sa bouche maintenue ouverte par des morceaux de bois, ses yeux énucléés puis remis dans les orbites de façon à les orienter vers son corps, les draps arrangés artistiquement autour du crâne.
L’enquête de Franck Sharko le mène à découvrir un monde sordide dont il ne soupçonnait guère l’existence malgré son métier. Un monde où la perversion, la douleur, la torture mais aussi la mort se monnayent. Un monde dont un des acteurs est cet Homme sans Visage qu’il traque. Un monde dans lequel il n’espère pas retrouver sa femme disparue. Pour s’échapper quelques instants, pour trouver une ambiance apaisante, il peut compter sur Poupette, une locomotive miniature dont le chant des pistons, bielles et manivelles l’emporte loin de « sa vie devenue noire comme le schiste ».

« Train Rouge Pour Ange Rouge » est le tout premier roman de Franck Thilliez. On y trouve déjà cette ambiance sombre et ce climat oppressant qui sont quasiment devenus sa marque de fabrique. Il y présente déjà son écriture au scalpel et un découpage cinématographique qui ne peuvent qu’attirer les metteurs en scène en mal de scénario ! Cependant, contrairement aux romans qui suivront cette première œuvre, on note que l’auteur n’a pas encore totalement développé ce sens du suspense où il nous laisse pantelant à la fin de chaque chapitre comme c’est le cas dans « La Chambre Des Morts » ou « La Forêt Des Ombres ».
Pour autant, il ne nous ménage pas et ne nous épargne aucun détail lors de scènes qui pourraient choquer les lecteurs non avertis. Ce sens du détail se retrouve dans la description des personnages principaux ou secondaires. Malgré son caractère très dur et son côté flic anti-conformiste, on s’attache réellement à Franck Sharko. Nous vivons vraiment son enquête dans les bas fonds de l’âme humaine et partageons sa peur viscérale de ne jamais revoir le sourire de sa belle.
Nous voulons connaître la vérité, l’identité du tueur, comprendre le titre du roman…mais nous redoutons aussi de découvrir cette vérité tant le contexte ne nous laisse que peu d’espoir d’une fin heureuse. C’est là tout le talent de l’auteur : nous prendre à la gorge dès le début et ne nous laisser prendre que quelques insufflations pour nous mener inexorablement au final. C’est d’autant plus impressionnant pour un premier roman ! De plus, à aucun moment ne se dégage une impression de « déjà-lu ». Un thriller tout simplement indispensable.

Cette exploration d’un univers glauque fait d’autant plus froid dans le dos qu’elle est issue d’un travail de recherche et de documentation long d’un an. Franck Thilliez conclut son avant-propos par ses mots : « …je voudrais vous mettre en garde contre ceci : bien souvent la réalité dépasse la fiction ». Ou comment nous donner des sueurs froides et nous mettre en garde contre la noirceur de l’homme.



Ed. Pocket – 2003

2 commentaires:

Anonyme a dit…

A lire aussi "Deuils de miel" sorti en poche qui est la suite en quelque sorte des aventures de Sharko. L'on retrouve un autre psychopathe.

Nous avons pas mal de lectures communes à ce que je vois. Je te rajoute à mes liens.

Anjelica a dit…

Même si l'histoire est prenante, il y a des petites choses qui m'ont contrarié pendant ma lecture :)