Déjà deux ans que Scott est mort, et pourtant Lisey Landon n’a pas encore réussi à vider le bureau de feu son époux. Outre les éditions qui étaient parues du vivant de Scott, quantité d’écrits, encore inconnus, s’entassaient ; les Incups de Scott que nombre d’impatients voulaient s’approprier. Avec Amanda, sa sœur aînée, sa sœur qui aime se couper, sa sœur jobrée comme l’aurait si bien dit Scott, elles attaquent le rangement de l’antre de l’écrivain. Mais est-ce une bonne chose pour Lisey qui, tombant sur de vieilles revues, va replonger dans des souvenirs douloureux. Cette fameuse après midi à Nashville 1988… ou leurs jeunes années alors qu’ils n’étaient pas encore mariés. Lentement, remontant le fleuve de ses souvenirs, Lisey soulève petit à petit le rideau pourpre. Celui qui lui cache les ténèbres. Ceux de Scott. Là où il allait puiser son inspiration. Là où il laissa une part de son enfance. Ce lieu que Lisey avait tenté d’oublier, pourtant maintenant elle doit se rappeler.
Surmontant ses peurs, ses douleurs, Lisey va entrer dans le jeu, dans le « nard-de-sang » que Scott lui a laissé… Il a une dernière récompense pour elle…
« Histoire de Lisey », le dernier roman de Stephen King paru en France à ce jour, est… En fait, quel mot pourrait qualifier au mieux ce roman ? De mon avis personnel, je n’en vois aucun. « Histoire de Lisey » ressemble à une méditation. Une méditation faite par l’auteur sur la création, sa création. Car, dans ce roman, on sent que Stephen y a mis une grande part personnelle. Et c’est ce qui trouble.
Le fait de le lire en français peut déstabiliser le lecteur. Comment rendre un accent du Maine avec des mots français ? Cet aspect risque d’en démoraliser plus d’un avant d’avoir passé les cent premières pages. Le roman est lent, pesant, à la limite de l’étouffant, nous ne savons pas où nous mettons les pieds. L’auteur jongle entre passé et présent, introduisant quantité d’expressions dans le patois local. Les plus impatients d’entre vous auront beaucoup de mal avec cet ouvrage. Mais une fois ces cent premières pages passées, la plongée commence. Stephen King nous introduit dans un véritable tourbillon, mêlant avec talent toute la sensibilité, la profondeur, la terreur qu’il a su distiller dans toute son œuvre. Une histoire troublante, bouleversante, obsessionnelle, vécue au travers de Lisey, cette femme qui malgré les efforts qu’elle a pu fournir n’a pas réussi à faire son deuil. Petit à petit, en s’immergeant dans les papiers de Scott, Lisey va finir par emprunter le chemin de la folie. Celle de l’enfance de son époux, celle de sa sœur Amanda, celle de ce monde étrange, le monde où il y a la mare, là où viennent s’abreuver les auteurs et les lecteurs, certains y jetant même leur filet, cet endroit où Scott aimait se réfugier.
Enfin, malgré la terreur qu’il suscite, malgré le malaise qui peut s’emparer de nous, ce livre nous émeut. « Histoire de Lisey », c’est, avant tout, le langage de l’amour, celui qui est indestructible même après la mort.
Si j’avais à comparer « Histoire de Lisey » aux autres romans de King, je dirais qu’il se rapproche du cycle de « La Tour Sombre » surtout pour le langage qu’emprunte Scott, des « Territoires » et de « Rose Madder » mais là je ne développerai pas plus, car cela enlèverait tout le charme de ce roman.
Mais pourquoi vouloir absolument faire des comparaisons… Ce livre est tout simplement un chef d’œuvre. Un texte tout en symboles et métaphores, qui cache un magnifique trésor si on sait lire entre les lignes.
Ed. Albin Michel – 2007
2 commentaires:
Dans la famille je suis coulé question lecture, je demande ...moi!!
Même les "King", je suis plus....gngngngngngngn
Bonjour,
Encore une belle découverte dont je mentionnerai la référence bientôt sur mon blog http://marco.skynetblogs.be
Vous semblez apprécier le même genre de littérature que moi, je viendrai donc consulter avec plaisir vos chroniques. Bonne continuation.
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