29 mars 2008

"La Fée Carabine" de Daniel Pennac

« C’était l’hiver à Belleville et il y avait cinq personnages. Six, en comptant la plaque de verglas. Sept, même, avec le chien qui avait accompagné le Petit à la boulangerie. »

Il s’en passe des belles à Belleville !
L’inspecteur Vanini est l’une des six personnes présentes autour de la plaque de verglas. Alors qu’il veut aider une mamie à franchir celle-ci sans encombre, elle sort un P38 de son sac à commission d’où dépasse un poireau et le « transforme en fleur ». En d’autres termes, elle lui explose la tête puis poursuit son chemin...Y’a-t-il un rapport avec les meurtres non élucidés de vieilles femmes retrouvées égorgées ?
Une femme est balancée dans la Seine du haut d’un pont. Le hasard veut qu’elle tombe sur une péniche transportant du charbon. La jeune femme a au préalable été torturée. Dans le coma, elle ne peut témoigner.
Enfin, les vieux de Belleville sont devenus des vrais toxicos. Benjamin Malaussène s’occupe non seulement des enfants que sa mère s’obstine à faire, mais aussi des vieillards les plus drogués de la ville. Lui, le bouc émissaire professionnel payé pour endosser les erreurs des autres, va se voir suspecter par l’inspecteur Pastor chargé de ces enquêtes et connu pour avoir une technique infaillible mais inconnue de tous pour faire avouer les suspects les plus récalcitrants.

« La fée carabine » est le second roman de la série racontant les aventures de la famille Malaussène chère à Daniel Pennac.
Si le contexte général s’apparente à un polar, le ton et l’humour, parfois noir, lui donnent un cachet supplémentaire, une « patte » tout à fait originale. Le style d’écriture de Pennac est très original, vif, gai, moderne au service d’un récit rondement mené.
Toutes les petites histoires semblent indépendantes. Puis, peu à peu, les protagonistes se rencontrent, se croisent sans se voir et les pièces du puzzle s’imbriquent peu à peu pour former un tout que l’on ne soupçonnait pas.
On est parfois désarçonnés par les inventions de Pennac. Ces vieillards aussi shootés que des gamins mettent un peu mal à l’aise. Comment en sont ils arrivés là ? Le boulot de Benjamin Malaussène est une trouvaille très originale. Mais on se rend compte qu’il endosse finalement officiellement le rôle que jouent, hélas, certains dans leur société, leur famille ou leur vie.
Parfois on frôle même le surréalisme avec la scène d’ouverture ou celle du serbo-croate qui conduit chaque semaine les mamies vers une destination ô combien étonnante.

Surprenant au premier abord, surtout lorsqu’on découvre l’univers et le style de Daniel Pennac, « La Fée Carabine » est un petit bijou d’humour, d’inventivité et qui réserve jusqu’aux dernières lignes de bien belles surprises.



Ed. Folio - 1987



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