Paris est sous les eaux. Le climat se détraque. Il pleut à verse et à torrent depuis des jours sur la capitale, les riverains se retrouvant les pieds mouillés jusqu’aux genoux. La Seine est en crue, qui l’eut cru, cela ne s’était plus vu depuis 1910, et là elle se répandait sans vergogne sur les berges. Personne n’avait écouté les prévisions. Pourtant ce n’était pas faute d’avoir été prévenu, le réchauffement climatique est bien une réalité, et voilà le résultat !
C’est durant cette période où l’anti-cyclone fait défaut sur la France, que la dépression guette. Le professeur Arsène Dejonye est retrouvé pendu à Meudon. Pour Hercule Comenvetu, commissaire divisionnaire du Quai des Orfèvres (qui ne ressemblait plus trop à un quai à ce moment là…), cela ne fait pas de doute, il s’agit d’un suicide. Quand le temps se gâte c’est la déprime. Pourtant le commissaire Guillaume Suitaume ne le voit pas de cet œil là, le pauvre bougre de scientifique a été énuclé avant sa pendaison à son optique. Rien n’y fait, Comenvetu veut son profileur sur une autre enquête. Greta Pan, la femme de l’éminent scientifique Amédée Pan, est aux aboies. Son mari aurait reçu des lettres de menace de la part d’Alliance, un groupe terroriste écologique. Que de perturbations dans le monde des climatologues. Cette nouvelle affaire va entraîner le plus célèbre des commissaires dans une aventure dangereuse et fantasmagorique.
Après « C’est pas sorcier, Harry ! », Gordon Zola, maître incontesté du polar poilant, s’attaque à une nouvelle question d’actualité : le réchauffement climatique. Son héros se retrouve cette fois-ci face à un groupe d’écologistes totalement sur orbite. La Bretagne va être victime d’un raz de marée titanesque, reléguant l’Atlantide au rang d’amatrice. Une plate-forme risque de disparaître dans les flots. Des scientifiques sont assassinés. Avec son style reconnaissable entre mille, l’auteur tient vaillamment la barre et nous entraîne dans une intrigue pleine de rebondissements. Nous plongeons dans ce roman fleuve au flot verbal tumultueux. Entre jeux de mots et contre pétries, l’intrigue file, tenant son cap. A aucun moment l’embarcation ne prend l’eau. Ce n’est pourtant pas ce qu’il manque dans cet ouvrage… de l’eau bien sûr. Et jusqu’au bout, le frêle esquif tient bon pour nous amener jusqu’à la révélation finale.
A ceux, dont le pied marin fait défaut, tenez-vous bien au cordage. Ca gîte, ça tangue, l’écriture est tempétueuse avec un humour qui fuse, se diffuse, refuse de voir cette histoire s’enfoncer dans une narration insipide et plate. Vous l’aurez compris, Gordon Zola, prend toujours autant de plaisir à jouer avec la langue française.
Ce roman est un pur plaisir autant qu’un pur délire. L’intrigue est rondement menée, nous amenant finalement à nous poser des questions quant à la tournure que prend le climat actuellement. Et oui, on peut faire dans l’humour tout en ouvrant l’esprit du lecteur sur une préoccupation très actuelle.
« La Dérive des Incontinents » est le roman de ce printemps, période de giboulées et de fonte des neiges. Oubliez la grisaille et le froid, prenez une bonne dose de bon humour et de bonne humeur, le bon docteur Zola vous offre son remède anti-morosité pour réattaquer du bon pied avant l’été. A prendre avec un grand verre d’eau !
Attention à ne pas dépasser la dose prescrite, risque d’effets secondaires et de dépendance.
Ed. Le Léopard Masqué - 2008
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