Sur Alpha III M2 le conseil bisannuel est en pleine réunion. L’ordre du jour : un vaisseau inconnu menace de se poser sur la lune. Devant le danger de voir une invasion, les représentants des différents clans procèdent à un vote afin de décider de la marche à suivre.
Sur Terre, Chuck Rittersdorf, programmeur de simulacres pour le compte de la CIA, vient juste de se séparer de sa femme. Mary Rittersdorf, éminent psychologue et conseillère conjugale, voudrait que son époux se trouve un emploi plus rémunérant. Malheureusement, Chuck se complaît dans son emploi payé une misère. A bout de nerf, Mary va demander le divorce et faire en sorte que son époux se retrouve sur la paille, lui pompant le moindre sou sur son compte. Elle espère par ce biais produire un électrochoc sur Chuck. Mais c’est tout l’inverse qui arrive, et l’homme plonge dans une longue et pénible déchéance.
Avant de partir sur Alpha III M2 pour une mission de plusieurs mois, Mary va entrer en contact avec Bunny Hentman afin de le convaincre d’embaucher Chuck. Mais à cet instant, le programmeur commence à entrevoir la vérité. Alors qu’il est au bord du suicide, son esprit va se tourner vers le meurtre, celui de sa femme, celle qui va tout faire pour lui gâcher la vie. Quel complot se trame autour de Chuck, faisant intervenir la CIA, Mary, un fongus ganymédien et une lune du système Alpha ?
Une nouvelle fois, Philip K. Dick nous plonge dans l’univers de la folie et celui de la juxtaposition des niveaux de réalité. Mené à tambours battants, “Les Clans de la Lune Alphane” est une nouvelle belle démonstration du génie de l’auteur. Dans ce roman, Philip K. Dick nous présente un monde où les fous ont été laissés seuls. Depuis 25 ans ils se suffisent à eux même, et ont créé, selon le type de folie, des sociétés avec leurs règles, leurs cultures, leurs repaires, ... Les dépressifs fondent la ville des dépressifs (Dep), les schizophrènes celle des schizophrènes (Skitz), les paranoïaques la ville des paranos (Parnes), et ainsi de suite. Chaque civilisation étant le reflet de sa propre folie.
Dans “Les Clans de la Lune Alphane”, il met également en avant les problèmes de communications. Une grande réflexion s’empare du lecteur, le poussant à faire le point sur sa propre folie. Tous, nous possédons un degré, plus ou moins révélé, de folie. Et comme chacun possède la sienne propre, communiquer devient d’autant plus difficile. Enfin, avec cette œuvre, l’auteur met en avant sa théorie de l’empathie avec l’entrée en scène de voisins peut communs pour Chuck.
Plus encore que dans ses autres romans, Philip K. Dick explore cet univers avec cet immense hôpital psychiatrique. Chaque page recèle un argument sur ce thème : sentiment de persécution, insécurité, comportement compulsif, agressivité. Finalement, et ce fait est général dans l’oeuvre de l’auteur, il dresse le tableau de la société. Pourtant écrit en 1964, ce roman est très actuel, peut être parce qu’il présente une société malade, qui ne croit plus en rien, pour laquelle l’utopie n’existe plus. Un monde de plus en plus inquiétant et autodestructeur, à l’image de cette lune où règnent désolation et misère.
« Les Clans de la Lune Alphane » s’aborde facilement même si le contexte reste très futuriste. Je pense que n’importe quel lecteur peut se plonger dans cette œuvre qui allie réflexion et suspense. Un très bon roman pour faire son entrée dans l’univers de Philip K. Dick.
Ed. J’ai Lu - 1964
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire