28 février 2008

« L’Alchimiste » de Paulo Coelho


Santiago parcourt le monde de l’Andalousie. Il était pourtant destiné à devenir prêtre, mais son désir de découvrir le monde était bien plus fort. Avec la bénédiction de son père et quelques pièces d’or, il acheta quelques brebis et partit arpenter son Espagne natale.

Le jour déclinant, le jeune berger décide de s’arrêter dans une vieille église. Son toit s’est écroulé depuis longtemps, et à la place un énorme sycomore est venu combler le vide. Cette nuit là, Santiago refait un rêve, le même qu’il y a un an, au même endroit, et comme l’année précédente il se réveille avant la fin. Désireux de comprendre la signification de ce rêve récurrent, il va demander conseil à une vieille gitane de Tarifa. A part la promesse qu’elle obtiendrait un dixième du trésor, Santiago ne retire pas grand-chose de cette entrevue. La seule chose qu’il sait c’est qu’un trésor l’attend aux pieds des grandes pyramides en Egypte.

Après s’être ravitaillé en vin et avoir échangé son livre pour un autre plus volumineux, le jeune berger va faire une rencontre pour le moins inattendu. Le vieil homme serait le Roi de Salem et apparaîtrait aux hommes lorsque ceux-ci renonce à leur Légende Personnelle. Le vieillard va le mettre sur la voie de sa propre Légende, et lui enseigner à décrypter les signes que l’Univers lui enverra. Pour Santiago va alors commencer un long voyage, à la recherche de son trésor, vers une autre rencontre qui lui montrera comment aller au bout de son rêve…


« L’Alchimiste » est un merveilleux conte philosophique, rempli de poésie et de spiritualité. Un livre d’une rare beauté tant dans l’écriture que dans l’histoire elle-même, qui nous transporte à travers les dunes du grand désert. Le voyage initiatique de Santiago est notre propre voyage.

 « L’Alchimiste » nous fait entrer en nous-même et nous chuchote à l’oreille « n’oublies pas tes rêves, laisses-toi guider, oublies tes craintes car regardes ton chemin est tracé et les signes sont là pour te le montrer. ». Ce roman est rempli d’espoir, nous en ressortons gonflé, revivifié, prêt à aller de l’avant pour suivre notre rêve. Les mots viennent et glissent sur notre peau, tels les grains de sable poussés par le vent. C’est un conte magnifique qui réveille l’enfant sommeillant au fond de nous. Un récit qui nous rappelle que si nous sommes vivants, c’est bien pour une raison.

Comme Santiago, nous avons, nous aussi notre propre Légende Personnelle. A nous de la trouver ! Le premier roman de Paulo Coelho a été une révélation pour des millions de lecteurs, une clé qui ouvre la porte de l'esprit, une invitation à l'élévation. Ouvrez là et partez trouver la vérité qui se cache en vous.



Ed. J’ai Lu – 1988




27 février 2008

« Chrono-minets » d’Isaac Asimov


« Super-neutron »

L’honorable société d’Ananias se réunit tous les mois. A chaque réunion, un membre doit raconter une histoire. Mais pas n’importe quel type d’histoire. Le raconteur devait présenter le mensonge le plus énorme, compliqué, abracadabrant possible mais qui ait toutes les apparences de la vérité. Il se devait de sortir vainqueur, malgré les questions de ses amis. En cas d’échec, il serait quitte pour payer l’addition. Lors de la dix septième réunion, Gilbert Hayes qui n’était jusque là qu’un spectateur, va se lancer et raconter son histoire.

A 2 heures 17 minutes et 30 secondes de l’après midi, le système solaire cessera d’exister.


« Non définitif ! »

Les habitants de Ganymède vivent dans la crainte. Les Jupitériens leur ont communiqué des menaces, la vermine doit être exterminée. Pour les Ganymédiens, une attaque de Jupiter semble impossible tant la gravité est forte et la couche atmosphérique dense. Et pourtant, s’ils trouvaient un moyen de s’en prendre à Ganymède…


« Bon sang ne saurait mentir »

Russell Harley hérite de la demeure de son oncle. Celui-ci vivait tel un ermite, sortant peu, ne voyant jamais personne. A peine Russell prend-il possession des lieux qu’un individu l’agresse. Le vieux Hank Jenkins ne veut voir personne sur ses terres. Sauf qu’Hank est un fantôme ou plutôt une entité du plan astral comme il aime à le rappeler.

Se faisant chasser de sa propriété, Russell va employer les grands moyens. Hors de question qu’il partage son toit avec un fantôme. Aidé de Nicholls, un cercle d’exclusion est mis en place autour de la maison. Mais pensez-vous que cela peut arrêter le vieux Hank ? Oui, sauf s’il gagne le procès qu’il intente contre le neveu de Zebulon Harley…


« Chrono-minets »

La nouvelle la plus courte de ce recueil.

Il y a quelques années, sur Pallas, vivaient des bestioles très futées ressemblant étrangement à des chats. Des petits félins à quatre dimensions qui faisaient 30 centimètres de long, 15 de haut, 10 de large et qui s’étendaient jusque vers le milieu de la semaine. Car la quatrième dimension c’est le temps.


« Auteur ! Auteur ! »

Graham Dorn en a marre. Il s’était lancé dans le roman policier car il détestait ce genre, et souhaitait écrire une satire impitoyable. Le problème, l’effet escompté par l’auteur ne se réalise pas et les lecteurs dévorent les histoires sur Reginald Meister. Graham n’en peut plus, il a l’impression de perdre son identité tant les lecteurs fidèles le comparent à son détective. La décision est prise, il n’écrira plus une ligne sur Reginald. Mais alors qu’il s’apprête à écrire une lettre à son éditeur, un invité inattendu entre dans sa chambre…

« Arrêt de mort »

Dorlis, une capitale immense, abriterait un monde de robots. Des robots positoniques qui existeraient depuis quinze mille ans.

Theor Realo le sait, il a vécu 25 ans parmi eux, il a des preuves. Une expédition archéologique va être lancée vers Dorlis, afin de retrouver des vestiges de cette civilisation qui semblait bien avancée à cette époque si lointaine.


Six textes, d’une imagination débordante, où se côtoient tour à tour l’humour et la rigueur scientifique, sont réunis dans ce recueil. Chacun fut écrit durant la jeunesse de l’auteur et publié, sauf « Auteur ! Auteur ! », dans des magasines de Science-Fiction.

Un livre idéal pour se familiariser avec l’univers d’Asimov, agrémenté, entre chaque nouvelle, d’une note où l’auteur raconte quelques moments de sa vie à cette époque.




Ed. Folio SF – 1972


« Gaïa » de Yannick Monget


« L’homme n’a pas su respecter la Nature. A présent il n’y a plus aucune raison pour que la Nature respecte l’homme. »


Alexandre Grant, PDG de la société d’exploitation forestière Amazonian Wood et du laboratoire de recherche Genetics, doit se rendre le plus rapidement possible en Amazonie afin de rassurer les employés. Il s’y passe des choses étranges et les ouvriers n’osent plus travailler dans la vaste forêt, de crainte que les esprits se rebellent. Mais Alexandre n’en a cure, les esprits ça n’existent pas, et ce ne sont pas quelques croyances qui vont empêcher son exploitation de tourner.

A peine pose-t-il les pieds sur le sol sud américain, qu’il se fait agresser par le mouvement écologiste, basé non loin du site. Alexandre va faire la connaissance d’Anne Cendras, biologiste française, mais cette rencontre ne se fera pas dans les meilleurs termes.

New York, une semaine plus tard, les choses ont empiré sur le site d’exploitation et le PDG est sans nouvelle de son assistant. Une étrange épidémie vient de s’abattre sur Manaos et toutes les communications sont rompues. Mais il ne peut rester à attendre, déjà un avion l’attend pour l’amener en France où une réunion très importante a été organisée.

Mais que se passe-t-il sur

 Terre ? Serait-ce les éruptions solaires qui perturbent tout ? Et quelle est donc cette épidémie ? Pour Alexandre Grant ce voyage en France va être le début du cauchemar…


Un thriller écologique qui démarre avec un scénario catastrophe qui n’aurait rien à envier au « Fléau » de Stephen King. Les systèmes de communication sont perturbés, des éruptions solaires coupent les divers satellites, une épidémie fulgurante décime à une vitesse affolante la population humaine et le climat s’emballe… Yannick Monget n’hésite pas à mettre en place des événements forts et ce dès le début. En quelques chapitres il nous présente le pire scénario qui pourrait arriver à la planète. Dès les premières lignes il met en place des personnages qui vont vite devenir attachants, mais qui ont une part obscure. Au fil de la lecture nous en venons à soupçonner tel ou tel protagoniste. Et jusqu’au bout Yannick Monget nous surprend, enchaînant les coups de théâtre dans un monde devenu hostile pour l’homme.

Le style est efficace, en quelques phrases nous sommes plongés dans le décor, et partons dans une aventure épique proche des romans de René Barjavel. Tous les ingrédients sont réunis pour que le lecteur reste accroché à l’histoire, qui ne souffre d’aucun temps mort. Mais outre son côté divertissant, « Gaïa » est une réflexion sur notre monde, sur le devenir écologique de la Terre. Les sujets, que l’auteur aborde, dépassent rapidement le stade du simple divertissement.

Si je devais faire une comparaison, « Gaïa » est une sorte de « Matrix » revu sous le thème de l’écologie.


Yannick Monget entre dans la lignée des auteurs qui, à travers des histoires, cherchent à nous ouvrir les yeux et la conscience sur le monde qui nous entoure. Car lorsque vous refermez ce livre, vous ne pouvez vous empêcher de vous dire « Et si ça arrivait ?.. ». Il est peut être encore temps de changer notre comportement…


« Quand un homme désire tuer un tigre, il appelle cela sport.

Quand un tigre le tue, il appelle cela férocité »

George Bernard Shaw (1856-1950)


« L’homme croit quelquefois qu’il a été créé pour dominer, pour diriger. Mais il se trompe. Il fait seulement partie du Tout. Sa fonction ne consiste pas à exploiter, mais à surveiller, à être régisseur. L’homme n’a ni pouvoir, ni privilèges, seulement des responsabilités. »

Voix des sages indiens.




Ed. France Europe Editions – 2006

24 février 2008

« La Porte de Bronze » de Bernard Simonay


Sur Koralya tout le monde vit en harmonie avec la nature. Sur l’île, tout comme dans tout l’archipel de Nacre, la violence n’existe pas. La seule mort permise, entraînée par la main de l’homme, et celle pour la subsistance des habitants. Aucun humain ne peut concevoir qu’il puisse attenter à la vie d’un autre humain. Ele’a et Darys vivent dans ce monde idyllique. Ils s’aiment d’un amour sans borne, qui semble totalement indestructible, sauf par l’effacement. Mais ils n’ont rien à craindre, seules les personnes très âgées se font effacer, lorsque enfin elles arrivent au terme de leur vie. Ainsi est la vie sur l’île, innocente, merveilleuse, faite d’amour et de fêtes.

Mais il se passe des choses étranges sur Aurévia. Lors d’une partie de pêche, le jeune couple et leurs compagnons vont recueillir un naufragé qui va leur conter une histoire invraisemblable. L’île de Parawai aurait été entièrement effacée avec tous ses habitants, Markaan serait le dernier survivant. Il vit depuis dans la peur de voir à nouveau l’étrange brume de bronze apparaître. Mais les jours passent et la vie reprend son cours pour les Koralyens, jusqu’à l’arrivée d’Ykhare, seigneur de Shalymbaad, le soir de la fête de Fao’Lynn Piao Set Maui consacrée à leur dieu. L’homme vêtu de noir va amener avec lui des jours bien sombres pour la belle Ele’a.


Un décor de rêve, des noms tous plus exotiques les uns que les autres, Bernard Simonay nous emmène en voyage dans des îles magnifiques bordées de lagons. Il nous présente une société idyllique, construite sur le respect et la non violence. Mais alors, que pourrait-il se passer d’extraordinaire dans un monde si beau ? Et bien, tous les habitants d’Aurévia ne sont pas si innocents. Et que dire de ces phénomènes étranges ! La disparition de Parawai, comme si l’île n’avait jamais existé, ainsi que de certaines villes un peu partout dans ce monde.

« La Porte de Bronze »  c’est l’apprentissage de la vie pour Ele’a. La jeune héroïne n’a connu, jusque là, qu’une vie faite d’insouciance. Mais les événements vont s’enchaîner et se déchaîner sur la jeune Koralyenne, la poussant dans une quête qui va lui paraître insensée au départ.

Tout au long de ce roman, elle va se battre, car elle ne peut accepter la vérité. L’histoire mêle fantasy et aventure. A aucun moment la tension ne se relâche. Parfois nous aimerions crier à Ele’a d’arrêter, de se faire enfin une raison, car nous la voyons se détruire moralement progressivement. Mais plus l’héroïne arrive à la limite de ses forces, plus le destin s’acharne sur elle, et jusqu’au bout Ele’a va lutter.

Bernard Simonay joue savamment avec nos nerfs. Quand l’espoir commence à renaître, un événement encore plus tragique que le précédent vient ébranler le fragile édifice. A croire que l’auteur y a pris un malin plaisir, nous torturant autant qu’Ele’a et ce jusqu’au dénouement final. Et là nous ne savons plus.


« La Porte de Bronze » est un roman très prenant, l’intrigue est très bien menée et la fin tout ce qu’il y a de plus surprenant. Durant toute l’histoire nous pouvons nous attendre à tout, sauf à ça.

Un roman qui, en plus d’être un superbe divertissement, pousse notre réflexion sur la nature de la réalité. Les amateurs de fantasy et aussi ceux de science-fiction seront comblés.



Ed. Folio SF – 1994

« L’Empire des Anges » de Bernard Werber


Que pensent les anges de nous? Quelle est leur vision de notre espèce grouillant sur la terre ? Le paradis n'est-il pas la dernière frontière à explorer après le ciel, la terre, la mer et les étoiles ?


Avec son ami Raoul Razorback, Michael Pinson était arrivé à l’ultime limite du continent des morts. Enfin le Paradis allait lui être révélé, ainsi qu’au lecteur tenu en haleine durant tout le récit des « Thanatonautes ». A la fin de ce roman, introduction d’un long cycle sur l’univers présent au-dessus de nous, le suspens était à son comble.


Il y a des jours comme ça où l’on ferait mieux de rester couché. Cette pensée aurait pu traverser l’esprit de Michael Pinson alors qu’un Boeing 747 vient percuter son immeuble. Ancien Thanatonaute (du grec "thanatos" -divinité de la mort- et "nautès" –navigateur) le voici bel et bien de l’autre côté, le retour arrière n’est plus envisageable cette fois-ci.

Mais une nouvelle vie l’attend au-delà du continent de la mort. Fini la réincarnation, Michael est maintenant un ange. Au Paradis il va avoir un nouveau challenge à relever afin de continuer son évolution. Le voici en charge de trois clients mortels. A l’aide de signes Michael va devoir les guider et les amener à obtenir le nombre de points suffisants pour sortir du cycle eux aussi. Tant qu’il n’aura pas réussi sa mission, les clients s’enchaîneront jusqu’à ce que l’un d’eux devienne ange à son tour. En parallèle à cette nouvelle mission, Michael et ses amis Thanatonautes (devenus anges eux aussi) vont chercher à repousser encore les limites de l’inconnu.


Dans « Les Thanatonautes » le point de vue était placé dans l’univers des humains, c’étaient eux les observateurs d’un monde inconnu. Dans ce roman, ce sont des êtres supérieurs qui observent l’humanité. « L’Empire des Anges » est une compilation de quatre histoires qui se déroulent en même temps. Nous abordons ce roman avec la mort de Michael Pinson et son début d’apprentissage en tant qu’ange. Puis nous faisons la connaissance de ses trois clients : Venus, jeune fille obnubilée par sa beauté qui ne pense qu’à apparaître dans des magazines et à devenir Miss Univers ; Igor, un enfant rejeté par sa mère avant même sa naissance. Il va devenir un homme plein de hargne, s’accomplissant pleinement dans la guerre ; et enfin Jacques, enfant timide qui aime s’isoler dans les WC et dans les livres. Son but réussir à écrire un livre qui ne ressemble à aucun autre.

Ces âmes ne sont pas données au hasard à l’ange Michael. En observant et en aidant les trois humains il va également faire évoluer son âme propre et comprendre les erreurs qu’il a commises.


Avec « L’Empire des Anges » c’est toujours l’humain qui intéresse Bernard Werber. Depuis ce nouveau point de vue il nous amène à réfléchir sur notre comportement et notre manière de nous adapter à diverses situations. Une œuvre très sociologique, où l’humour et le suspens ne manquent pas, et parsemé de citations qui, comme on dit, en disent long.

Un roman rempli de magie, à lire absolument !


« Croire ou ne pas croire, cela n'a aucune importance. Ce qui est intéressant, c'est de se poser de plus en plus de questions. »



Ed. Albin Michel –  2000

19 février 2008

“L’Elégance du Hérisson” de Muriel Barbery

Elle s’appelle Renée, elle a cinquante quatre ans et travaille comme concierge au 7 Rue de Grenelle. Elle est l'archétype même de la concierge, petite, laide, antipathique, grassouillette, tout ce qui peut conforter les habitants, petits bourgeois vivant dans le luxe, sur l’idée que l’on peut se faire des petites gens.

Mais Renée cache bien son jeu. Derrière ses airs de fille du peuple, se cache une personne intelligente et sûrement plus lettrée que la plupart de ces riches suffisants. Autodidacte, elle se passionne pour Tolstoï, Mozart, les natures mortes hollandaises et les films japonais d’Ozu.

Elle s’appelle Paloma, elle a douze ans et vit au 7 Rue de Grenelle dans un appartement bourgeois. Pour ses treize ans elle a décidé de se suicider et de mettre le feu au logement familial. Car elle le sait, Paloma est très intelligente, la destination finale lorsqu’enfin nous devenons adulte c’est le bocal à poissons, l’ineptie de l’existence.


Deux destins, deux personnes qui se cachent de ceux qui vivent dans l’immeuble du 7 Rue de Grenelle. Deux voix qui prennent tour à tour la parole et donnent leur vision du monde qui les entoure.

“L’Elégance du Hérisson” est un roman magnifique, écrit avec beaucoup de poésie. Chaque mot est choisi avec soin et certains passages méritent qu’on s’y attarde. Nous sommes plongés dans les pensées de ces deux personnages qui peuvent sembler si communs, mais qui ont une immense richesse intérieure. Puis d’un coup nous nous arrêtons, nous relisons, nous savourons une de leurs réflexions. Mais si l’accent est mis sur les mots, ce roman ne manque pas d’humour, sans pour autant tomber dans la légèreté.

A travers le personnage de Renée, Muriel Barbery nous fait comprendre que nous avons finalement beaucoup à apprendre en matière d’humilité et de tolérance. Car peut-être y a-t-il une Renée dans votre entourage ?


Ce livre est aussi une promenade dans le monde littéraire. Les non initiés se perdront sûrement rapidement tant les références sont nombreuses, mais pour peu que vous soyez curieux et avides de nouvelles choses à découvrir, alors vous arriverez à tenir le coup.

Montez sur le dos du hérisson, car même s’il est bardé de piquants à l’extérieur, il sait faire preuve de raffinement. Un livre touchant qui nous offre un doux moment de lecture. Un livre grave, léger, aérien, un roman qui fait du bien tout en étant très poignant.


“Ces instants où se révèle à nous la trame de notre existence, par la force d'un rituel que nous reconduirons avec plus de plaisir encore que de l'avoir enfreint, sont des parenthèses magiques qui mettent le cœur au bord de l'âme, parce que, fugitivement mais intensément, un peu d'éternité est soudain venu féconder le temps.”



Ed. Gallimard - 2006

11 février 2008

“Le Grand Secret” de René Barjavel


C’est l’histoire de Jeanne et Roland. Ils s’aiment et rêvent de pouvoir rester tout le temps ensemble. Mais chacun a déjà un compagnon. Malheureusement, ce couple si heureux va être séparé par un événement aussi extraordinaire qu’incompréhensible. Roland disparaît du monde sans explication. Jeanne va se lancer à corps perdu à sa recherche, car elle le sait, Roland n’est pas mort.

C’est l’histoire d’une découverte extraordinaire, une découverte qui pourrait changer la face du monde. Un grand secret qui deviendra le plus grand espoir mais aussi la plus grande peur pour l’humanité. Ce grand secret doit rester un mystère pour tous, mais depuis 1955, réunit dans une angoisse commune les plus grands dirigeants de la planète et ce malgré les oppositions et les idéologies. Un grand secret qui serait la cause de certains événements majeurs survenus depuis cette année, 1955.


“Le Grand Secret” est au départ un roman déstabilisant. Nehru, Premier Ministre de l’Inde, apprend quelque chose. Nous ne savons pas quoi, si ce n’est qu’il n’y a rien de plus grave ni de plus important. Dès qu’il prend connaissance de cette nouvelle il part, fait le tour du monde pour rencontrer les dirigeants de toutes les nations. Tous doivent savoir car c’est l’avenir du monde qui est en jeu. Chacun de son côté va se lancer dans une grande croisade car la découverte faite par le professeur Shri Bahanba peut être lourde de conséquences. L’armée, les services secrets, tous vont être mobilisés pour surveiller la moindre conversation téléphoniques, les laboratoires qui sont en relations avec l’Inde, rien ne doit être laissé au hasard, mais aucune de ces organisations ne sait pourquoi ce déploiement est mis en place. Personne, ni même Jeanne et Roland qui vont être brusquement séparés.

Durant toute la première partie de ce roman nous ne pouvons deviner quel est ce grand secret. Nous assistons à tous ces événements, incapables de soupçonner quoi que ce soit, aucun indice ne nous permet de faire la moindre supputation. Nous savons juste que ce grand secret est dangereux pour l’avenir mais qu’il pourrait être un espoir immense pour toute l’humanité. Mais qu’est-ce donc ?


Puis tout s’enchaîne, les pièces qui semblaient si disparates au départ s’imbriquent les unes aux autres, et enfin nous savons. Nous comprenons pourquoi l’histoire du monde, depuis cette année de 1955, s’est déroulée ainsi, et nous nous retrouvons pris devant l’incertitude. Ce grand secret est-il un bien ou un mal ?


“Le Grand Secret” est un roman qui secoue nos neurones, nous amène à réfléchir, nous fais prendre conscience de notre évolution actuelle et les conséquences qu’elle pourra avoir sur notre avenir. René Barjavel nous offre une magnifique histoire pour l’humanité, menée à bout de bras par une incroyable histoire d’amour. L’histoire d’un couple déchiré, puis qui va se trouver à nouveau réuni, dans des circonstances qu’aucun homme et qu’aucune femme n'a jamais connu.


Un roman merveilleux, car il ne faut pas oublier que ce n’est qu’un roman.

Mais si c’était vrai ?...



Ed. Pocket - 1973

10 février 2008

“Au secours, il veut m’épouser !” d’Agnès Abécassis


Nous avions découvert les aventures de Déborah, jeune mère trentenaire et divorcée, dans le premier roman d’Agnès. Notre héroïne revient plus forte que jamais dans ce nouveau livre.


Déborah vit aujourd’hui avec Henri. Tout va pour le mieux pour elle. Elle a à ses côté un homme charmant, ses deux filles, elle nage dans le bonheur. Surtout que Déborah est une fille au caractère super facile, pas du tout jalouse, mais alors pas du tout du tout, ni fan furieuse des tubes des années 80, à tel points que l’envie de pousser la chansonnette devient vite un besoin à assouvir à tout prix. Non vraiment Déborah est la compagne idéale, prête à sauter à la gorge de la moindre femelle qui aura le malheur de poser ses yeux sur son compagnon, et ce toutes griffes dehors. Il faut bien défendre son territoire après tout ! Et puis quand on manque un peu de confiance en soi, tout le monde n’a pas le physique d’un top model non plus, on obtient assez vite des scènes de ménage délirantes. Malgré tout, Henri, amoureux de cette compagne un peu hystérique, souhaite l’épouser. Aïe, Déborah le mariage elle a déjà donné et pourtant...


Franchement les aventures de Déborah on ne s’en lasse pas. Entre les soirées pyjama totalement délirantes, son quotidien bien loin de la routine, agrémenté de missions de sauvetages lorsqu’une copine tente de passer du côté obscure, ou les vacances de rêves, ce livre est un vrai remède contre la déprime, une petite pilule de bonne humeur. 

Chaque chapitre est un pur bonheur, rempli d’humour, impossible de rester de marbre devant la vie hilarante de l’héroïne, ses mésaventures, ainsi que celles de ses copines. Alors on frappe à la porte et nous installons bien tranquillement. Entre commérages, masques à l’argile, musiques et dessins animés ayant bercés toute notre jeunesse, nous passons un délicieux moment avec Déborah et ses amies.


Comme le premier volet, “Au secours, il veut m’épouser !” se laisse déguster avec plaisir. Nous n’en laissons pas une miette, tant pis pour le régime ! Mais au fait, Déborah va-t-elle dire oui à Henri ???? Pour le savoir courrez vous procurer le deuxième roman d’Agnès, vous ne le regretterez pas !



Ed. Calmann-Lévy - 2007

“Le Rasoir d’Ockham” d’Henri Loevenbruck

Des meurtres en série.

Une secte sanguinaire surgie du passé.

Six pages mystérieusement disparues d’un manuscrit du XIIIe siècle


Ari Mackenzie vient juste de raccrocher son téléphone. Son ami, et ami de son père, Paul Cazo a quelque chose de très important à lui révéler. Ari saute dans le premier train qui l’amènera à Reims. Mais lorsqu’il arrive à l’appartement de son ami il va se retrouver face à une armada policière. Paul Cazo vient d’être tué. Pourquoi ? Par qui ? Et qu’avait-il de si important à dire à Ari pour que cela lui coûte la vie ?

Analyste de la Direction Centrale de Renseignements Généraux, spécialisé dans les sectes, Ari Mackenzie va se retrouver confronté à une série de meurtres pour le moins mystérieuse. Chacun de ces homicides serait lié aux pages disparues du carnet de Villard de Honnecourt, un manuscrit du XIIIe siècle conservé aujourd’hui à la Bibliothèque Nationale. Malgré les obstacles placés sur son chemin, Ari va se lancer dans l’enquête afin de découvrir qui et surtout pourquoi son ami a été assassiné. Très vite, il est confronté à un groupe occulte dont le but est de rassembler les fameuses pages et découvrir le secret qu’elles renferment. Un secret qui pourrait bouleverser le destin de l’humanité.


Pour ce troisième thriller, Henri met la barre encore plus haut, si on le compare au "Testament des Siècles" ou à l'excellent "Syndrome Copernic". Des personnages super attachants, une intrigue qui nous tient en haleine jusqu’au bout, même après avoir refermé le roman, et des descriptions qui en viennent à nous mettre mal tant l'intensité est forte. Non seulement ce livre nous prend pour un bon moment de lecture, mais nous en venons à le vivre avec nos tripes. J'avoue m'être sentie vraiment mal en lisant une scène très dérangeante.

Dès le début, Henri plante le décor avec le premier meurtre. Un homme, attaché à une table, totalement paralysé, mais totalement conscient qu’il vit ses derniers instants. Il sait qu’il va bientôt mourir et qu’il n’aura pas su garder son secret. Puis les événements vont s’enchaîner à toute vitesse, et voyant que les pièces sont en train d’avancer sur l’échiquier, donnant l’avantage à l’adversaire, Paul Cazo essaie de prévenir le fils de son ami, avant que l’irrémédiable ne se produise. Hélas, la partie est déjà bien entamée.


Encore une fois tout va très vite avec une écriture cinématographique qui ne nous laisse guère de répit. Dès la première page nous sommes happés par l’aventure dont il devient difficile de se décrocher avant la fin. Durant toute cette histoire, nous suivons un personnage mis à mal, torturé émotionnellement, ballotté entre courses poursuites, mystères et une histoire d'amour bien compliquée. Et lorsqu'enfin le voile semble se lever, après tant de péripéties, pour lui révéler ce fameux secret que renferment les six pages du manuscrit, nous ressentons la même frustration que le héros.

Je n'irai pas par quatre chemins, ni ne tergiverserai plus longtemps, “Le Rasoir d’Ockham” est Le Thriller à lire cette année, et va vite devenir une référence du genre. Un livre à dévorer absolument, au sens figuré comme au sens propre du terme ! Et qu’on a réellement envie de bouffer lorsque nous arrivons à la fin. Mais là je n’en dirai pas plus.

“Le nouveau maître du thriller français”... Oui, sans conteste. Henri Loevenbruck fait aujourd’hui parti de ces auteurs à côté desquels on ne peut passer, et il nous le prouve avec ce petit bijou. Si je n’ai qu’un seul conseil à vous donner : jetez-vous sur ce roman ! Puis prenez votre mal en patience.


A suivre...



Ed. Flammarion Thriller - 2008