18 décembre 2007

« Fahrenheit 451 » de Ray Bradbury

« 451 degrés Fahrenheit représentent la température à laquelle un livre s’enflamme et se consume »

Dans une société future, aux mœurs totalitaires, l’acte de la lecture est considéré comme répréhensible. Ceux qui ont encore le courage de se procurer des livres, source de questionnement et de réflexion, sont irrémédiablement condamnés, jugés comme hérétiques par la masse populaire.
Afin que la population nage dans le bonheur, un décret oblige la destruction par le feu de tout ouvrage littéraire. Cette tâche a été attribué aux pompiers, ces anciens garants de notre sécurité face aux flammes, ce sont eux maintenant qui allument et attisent le bûcher de notre culture.
Montag est un de ces pompiers. A chaque alerte, il accomplit sa mission avec beaucoup de dévotion, prenant du plaisir à détruire des livres. Un soir, alors qu’il rentre chez lui, Guy Montag va faire la connaissance d’une jeune fille, Clarisse, qu’il considère au départ comme farfelue, voir même limite folle. Au fur et à mesure de leurs rencontres, l’esprit de Guy va s’ouvrir et il va se mettre à rêver d’un monde différent. Un événement va le faire totalement basculer. De pompier incendiaire, il va se tourner vers les livres et devenir un dangereux criminel aux yeux de la société.

Au fil de ce roman, c’est notre société actuelle que nous voyons. Si nous regardons bien, combien de personnes préfère s’intéresser au livre, plutôt qu’à la télévision. Qui se laisse, et prend du plaisir, à laisser son esprit vagabonder au gré de son imagination, plutôt que d’avoir de l’évasion pré digérée, où aucun effort n’est à fournir. La masse, aujourd’hui, se laisse de plus en plus contrôler par les nouvelles technologies, ne cherchant plus à réfléchir, s’abrutissant devant un écran, se laissant envahir par des besoins inutiles, et nous ne sommes qu’à l’aube du XXIe siècle.
Ray Bradbury nous dépeint dans son livre une société dont les valeurs essentielles disparaissent. L’amour, l’intelligence, la communication, chacun s’enferme dans son individualisme et se laisse guider par l’opinion officielle. Paradoxe ! Puisque l’individualité n’existe plus, la masse est formatée par les médias pour, soit disant, vivre dans le bonheur. Tout le monde ignore tout le monde, mais tout le monde va dans le même sens.
« Fahrenheit 451 » est un terrible avertissement.

Pour notre époque ce livre se présente comme moralisateur, à travers sa poésie Ray Bradbury nous lance un appel, comme pour nous dire : « Attention les enfants, regardez où vous allez, regardez à quoi va se résumer votre futur ». Et nous nous laissons entraîner dans l’aventure que vit ce pompier, au fil de la lecture nous n’arrêtons pas de prendre conscience du danger vers lequel nous allons. Sans cesse le rapprochement avec notre époque actuelle se fait. Pour 1953, « Fahrenheit 451 » était un roman d’anticipation. Aujourd’hui, c’est un roman d’actualité. Ray Bradbury serait-il un visionnaire ?

« Fahrenheit 451 » se place au-delà des genres. Même si vous n’êtes pas attirés par la Science Fiction, ce livre a sa place dans les bibliothèques de tous les amoureux des livres. Un incontournable que tout lecteur passionné se doit d’avoir lu au moins une fois.
J’ai pris un réel plaisir à lire ces pages, j’espère qu’il en sera de même pour vous.

« Remplis-toi les yeux de merveilles, disait-il. Vis comme si tu devais mourir dans dix secondes. Regarde le monde. Il est plus extraordinaire que tous les rêves fabriqués ou achetés en usine. Ne demande pas de garanties, ne demande pas la sécurité, cet animal-là n’a jamais existé. Et si c’était le cas, il serait parent de grand paresseux qui reste suspendu toute la journée à une branche, la tête en bas, passant sa vie à dormir. Au diable tout ça, disait-il. Secoue l’arbre et fais tomber le paresseux sur son derrière ! »




Ed. Folio SF – 1953

1 commentaire:

Decipher a dit…

Longtemps je me suis demandé ce que cachait ce titre mystérieux. Quand j'ai su la réponse je n'ai pas pour autant chercher à lire ce roman.Mais en voilà une chronique qui donne envie de lire ce classique!!!
Il va falloir que je l'ajoute à la deja longue liste des oeuvres à lire...Mais il sera en haut de la liste car l'aspect visionnaire du thème abordé il y a plus de 50 ans est fascinant.
Merci de nous donner encore plus envie de lire ^^