11 avril 2008

"Serpentine" de Mélanie Fazi


Serpentine

Ils sont cinq tatoueurs travaillant avec des encres particulières appelées Mnémosyne, Somnifuge, Nocturne ou Onirographe. Chacun possède un art qui lui est propre et exige que chaque client livre l’histoire qui précède le motif. Ils œuvrent ensemble pour aboutir à un but commun.

Joseph est le nouveau client de Nikolai. Il vient pour la « spéciale »…


« S’il te plaît, dessine moi une pulsion »


Elégie

Les jumeaux de Déborah ont disparu depuis deux ans. Son mari a fait son deuil. 

Déborah sait où ils sont. Elle les devine à deux pas de sa maison, sur la colline. Elle veut les rejoindre, devenir comme eux, se fondre dans "celui" qui les a enlevés...


Nous reprendre à la route

Anouk se retrouve seule dans une aire d’autoroute. Le car qui devait la mener à Strasbourg est mystérieusement parti sans elle. Elle y découvre d’autres abandonnés de la vie. Et si tous n’étaient pas là par hasard ?

Rêves de cendre

Bérénice, sept ans, observe les flammes qui crépitent et dansent dans la cheminée. Peu à peu elle voit un oiseau. Son bec crache des volutes de fumées, ses plumes de feu ont des couleurs changeantes. Sa mère a juste le temps de la retirer des flammes : voulant caresser l’oiseau sa manche s’est embrasée...En lui sauvant la vie, maman a fait fuir l’oiseau…Marquée à vie par les cicatrices, Bérénice est pourtant prête à tout pour revoir le phénix…


Matilda

C’est le grand soir pour la fan de Matilda Cross. Après des années de silence, la star refoule enfin les planches. Sa prestation est bouleversante, mais quelles blessures cache t’elle ? Matilda a besoin d’être aidée, mais jusqu’où ses fans sont ils prêts à aller ?


Mémoires des herbes aromatiques

La Taverne de Colchide, est un restaurant grec tenu par Circé aidée par sa nièce Médée. Un des clients du jour n’est pas un inconnu. Il s’agit d’Ulysse qui va découvrir la cuisine de celle qui a changé ses compagnons en pourceaux il y a quelques siècles…


Petit théâtre de rame

4 destins se croisent sur cette ligne de métro. Il y a le photographe urbain qui capte des instants fugitifs de vie, l’adolescente qui mène sa petite sœur dans un sac porte-bébé vers un bien étrange ordalie, une chanteuse qui fait la manche dans les wagons et essaye de toucher les gens par la seule force de sa voix et enfin le sdf, le rebut de la société accompagné par son chien. Pourquoi certaines personnes ne le voient il pas ? Pourquoi l’ado l’a-t-elle vu tuer des rats avec des clous qui jaillissaient de ses mains ?


Le faiseur de pluie

Les vacances promettaient d’être belles et pourtant depuis des jours un véritable déluge s’abat sur cette région d’Italie. Les cousins Ingrid et Noël doivent apprendre à passer le temps dans cette grande maison qui appartenait à la grand-mère, la Nonna, décédée il y a peu. Leur ennui est rompu par l’apparition d’un étrange esprit…


Le passeur

Anton, un peintre, grave sur tous les ponts de la ville le prénom de sa muse, Rebecca. Puis il l’écrit à la craie, à la peinture sur les murs urbains. Les parents de Rebecca la fugueuse ne sauront jamais ce qu’est devenu leur fille…


Ghost Town Blues

Noah Weiland fait étape dans la ville fantôme Copeland Falls. Dans le saloon, il y rencontre un trio de joueurs de pokers dont fait partie Norma Lee. Subjugué par la belle, il accepte de partager leur table pour quelques parties. Si l’enjeu n’est pas l’argent, quel est il ?


Serpentine avait déjà fait l’objet d’une première publication aux Editions de l’Oxymore en 2004. Cette réédition chez Bragelonne devrait permettre de (re)découvrir ces dix nouvelles qui nous emmènent vers des destinations, des horizons et des époques très différentes.

C’est cette diversité de temps et de lieux qui constitue la première réussite de ce recueil. Le lecteur découvre tour à tour un cabinet de tatouage, une aire d’autoroute, une salle de concert, un restaurant, une ligne de métro ou un saloon. Chaque étape de ce voyage au pays de l’étrange et de l’imaginaire est différente de la suivante mais aussi de toutes celles que l’on a pu faire avec d’autres capitaines de croisières. A aucun moment le sentiment d’être déjà venu hanter ces lieux ne nous habite. 

Paradoxalement, malgré cette diversité, Serpentine possède une véritable unité. Les dix histoires font toutes référence peu ou prou à la mort. La mort comme conséquence, la mort comme alternative, la mort compagne de la souffrance, la mort comme exutoire…

Malgré la noirceur, malgré les fantômes, malgré les ombres, malgré la mort qui rode, malgré le malaise que peuvent provoquer certaines histoires, le ton général n’est pas désespéré. Nous ne sommes pas dans un livre gothico - dépressif. Mélanie Fazi possède une réelle originalité dans son écriture, simple, poétique et envoûtante.


Contrairement à d’autres recueils ou se côtoient le meilleur et parfois le pire, chacune des nouvelles est indispensable et chacune devrait rencontrer « son public ». Pour ma part, ce sont « Serpentine », « Rêve de Cendre » et surtout « Matilda » qui m’ont totalement conquis. Dans cette dernière, il suffit de quelques pages pour retrouver le lien si particulier qui peut unir une star avec son public, l’angoisse de l’attente avant un concert qui devient un lieu de communion. 


Grâce à la qualité de son écriture et l’originalité de chaque histoire, « Serpentine » trouve sans rougir sa place dans la galerie des grands recueils de nouvelles, quelque part entre « Brumes » de Stephen King et « Les Histoires Extraordinaires » d’Edgar Allan Poe.



Ed. Bragelonne - 2008


1 commentaire:

Anonyme a dit…

J'aime énormément les recueils de nouvelles et autres anthologies. J'ai acheté Serpentine récemment. Et je vais même pouvoir me faire dédicacer le livre la semaine prochaine. L'auteure passe dans ma ville. quelle chance.