1 avril 2008

« Le Bois de Merlin » de Robert Holdstock


Au loin, l’orage gronde, mais Martin n’en a cure. Il suit la charrette qui transporte sa mère vers sa dernière demeure. Rebecca n’est pas là. Elle était pourtant devenue la favorite, celle sur qui Eveline déversait son affection après la mort de Sébastien. Revenu pour accompagner sa mère dans ce dernier voyage, plus rien ne retient Martin à Brocéliande. Eveline l’a d’ailleurs prévenu dans sa dernière lettre « Je n’aurai pas besoin de toi à la ferme lorsque je partirai finalement pour le dernier voyage. Il serait préférable que tu évites le danger et que tu restes dans la ville où tu t’es construit une si belle existence. » et Martin n’a pas l’intention de s’installer à Brocéliande, le lieu renferme trop de souvenirs douloureux. Il ne restera que quelques jours afin de régler les questions administratives.

Quatre jours après l’enterrement, Martin aperçoit une silhouette accroupie devant la tombe. C’est Rebecca, elle regrette d’être arrivée trop tard mais son retour au pays la comble de joie. Les chants et la verdure lui manquaient. Le retour de sa “sœur”, jeune fille fragile adoptée par Eveline avant la perte de son plus jeune fils, va changer beaucoup de chose pour Martin. Finalement il décide de rester avec elle, s’installant ensemble à la ferme avec l’espoir de fonder une nouvelle famille.

La forêt de Brocéliande cache un terrible secret. Dans ces bois il est un lieu où la magie prend sa source. Un endroit où le temps n’est plus réel, passé et présent se mêlant. Une clairière où la fée Viviane a enfermé, en des temps reculés, Merlin.

De l’union de Martin et Rebecca va naître un enfant. Malheureusement l’enfant vient au monde sourd et aveugle. Mais l’influence de la forêt est là. En grandissant, les sens de Daniel vont miraculeusement se développer, tandis que ceux de Rebecca s’amenuisent de plus en plus. Qu’est ce qui relie la famille Laroche au conflit entre les deux magiciens ? Quel est ce sortilège qui s’acharne sur Rebecca et Daniel ?


« Le Bois de Merlin » se compose de trois parties. Trois histoires sur le thème de la magie et de la « subtilisation du pouvoir » : les enfants qui  s’accaparent l’espace d’un instant la magie des fantômes qui circulent sur le chemin ; le petit Daniel qui petit à petit se nourrit de la magie de sa mère, lui volant ses sens ; Viviane qui depuis des temps immémoriaux poursuit Merlin, cherchant à s’approprier les enchantements du magicien.  Trois histoires déroutantes emplies de tromperie, de ruse, d’illusion, des moments pleins de magies mais aussi de destruction.

« Le Bois de Merlin » c’est un monde qui aurait pu, potentiellement, exister si les anciennes croyances n’avaient pas été oblitérées par le christianisme. Ce roman, racontant l’histoire d’une famille contemporaine, se situe sur la brèche entre le monde que nous connaissons et celui des mythes. Au fil de l’intrigue, l’auteur revisite la légende de Merlin, l’ancre dans notre quotidien, et donne ainsi une autre dimension à ce mythe et au mystère qui entoure la forêt de Brocéliande.

« Le Bois de Merlin » c’est aussi une histoire de possession et de meurtre. Robert Holdstock transpose un conflit vieux de plusieurs siècles dans une famille tout ce qu’il y a de plus normal. Faisant s’abattre la terreur et la douleur sur trois personnes. Un drame va se produire, généré par la convoitise.

« Le Bois de Merlin » c’est enfin une réflexion sur le besoin de savoir, ce besoin d’assouvir absolument notre curiosité, qui peut entraîner des conséquences pouvant se répercuter à travers le temps.


Prenant appui sur la légende de Merlin et de la fée Viviane, Robert Holdstock ne fait ni plus ni moins qu’une critique de l’homme.

Convoitise, envie, possession, subtilisation, sont des thèmes qui se rapportent à la nature profonde de l’être humain, et durant toute la lecture nous sommes renvoyés en nous-même.


« Le Bois de Merlin », alliant fantasy, mythe et réalité en s’inscrivant dans notre époque, est un conte empli de noirceur. Laissez-vous happer par les bois enchantés de Brocéliande et laissez le charme agir. Un terrible secret se cache dans la clairière au-delà du lac...




« Les vents étaient paisibles, bien qu’orage approchât.

Au cœur de Brocéliande, dans les sauvages bois,

Devant un chêne creux, ancien, démesuré,

Semblable à une tour de lierre érigée,

La rusée Viviane s’était installée :

Aux pieds de Merlin, elle était allongée… »




Ed. Le Livre de Poche – 1994

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Une belle histoire d'amour dans un lieu enchanteur. Une lecture agréable mais un poil trop courte à mon avis.