28 janvier 2008

« Les Voix de l’Asphalte » de Philip K. Dick



Philip K. Dick, connu pour ses romans et nouvelles de Science-Fiction et d’anticipation, sévit aussi dans un autre domaine, celui du roman d’initiation. « Les Voix de l’Asphalte » est un livre de jeunesse parfois sérieux, parfois bancal, drôle, passionnant et émouvant. Roman inédit de 1953 il voit aujourd’hui le jour, suscitant la curiosité chez tous les fans du maître.


Stuart Hadley a 25 ans et tout pour être un homme comblé. Marié, futur père, un boulot de vendeur qui va lui permettre de gravir les échelons de Modern TV, pourtant Stuart n’est pas heureux. Il a la sensation de passer à côté de quelque chose. Pour lui sa vie ce n’est pas ça, il a la sensation d’étouffer, il s’interroge. Lorsque Theodore Beckheim vient donner une conférence à Cedar Grove, Stuart va se laisser tenter. Et si le groupe des Gardiens de Jésus pouvait lui apporter une réponse sur son mal être ? L’extrémisme religieux sera la première étape, Stuart retrouve un certain goût de vivre mais dans sa solitude, il ne peut pas communiquer avec les autres il se sent définitivement à part. Et quand il rencontre la mystérieuse Marsha Frazier, rédactrice d’un magasine à tendance fasciste, sa plongée dans la folie va s’accélérer jusqu’au point de non retour.


Le personnage de Stuart représente la société américaine des années 50. Une société traumatisée par la guerre et la bombe atomique, violemment raciste, une société proche de l’extrémisme religieux, dissimulant ses failles en prônant les valeurs du travail, de la consommation, de la foi. Sauf qu’aucune de ces soit disant valeurs ne conviennent à Stuart. Le héros recherche autre chose. Il souhaite, sans le savoir, passer à un autre état de conscience bien au-dessus de ses valeurs si primaires.

Ce roman est, malgré les cinquante années qui le séparent de notre époque, terriblement actuel. Durant toute l’histoire il ne se passe pas grand chose et pourtant chaque mot posé sur le papier à son importance, tout devient rapidement symbolique. 

L’ambiance de ce livre est terriblement sombre, dressant le constat d’un pays qui promet beaucoup pour au final ne pas donner grand chose. « Les Voix de l’Asphalte » dresse, à travers le portrait d’un homme qui bascule inexorablement dans la folie jusqu’à commettre l'irréparable, le portrait de la société. Stuart c’est un peu chacun d’entre nous. Il se cherche, se sent trahi, il est choqué par l’intolérance qui règne autour de lui. Des thèmes qui finalement sont encore bien au goût du jour aujourd’hui.

Beaucoup d’entre nous se posent la question de savoir s’ils ont fait le bon choix, s’ils ne sont pas en train de s’enfermer dans un piège, dans une société qui met en avant le travail toujours en encore, avoir une vie normale sans sortir du rang, tous nous nous devons de suivre le chemin tracé par ceux qui nous dirigent et de ne surtout pas en sortir, de ne surtout pas remettre en question « l’idéal » que l’on nous soumet dès notre enfance par l’école puis par les médias. Mais sommes-nous réellement heureux en suivant ce chemin ? Ayez un bon boulot, même si celui-ci ne vous plaît pas, faites des enfants, ayez un compagnon aimant, consommez autant que possible, et surtout, surtout, ne relevez pas, non n’allez pas à l’encontre du troupeau. Car, après tout, qu’est-ce que la société en a à faire de vos rêves si ceux-ci ne correspondent pas au programme qu’elle veut imposer. 

Pour peu que le lecteur soit en pleine remise en question, ce livre est une prise de conscience qui peut ouvrir vers de nouveaux horizons. Devons-nous rester à subir ?





Ed. Neo - 1953

1 commentaire:

Decipher a dit…

Et vlan encore un roman que j'ai pas lu (comme quoi dans 99% des cas tu es toujours en avance sur moi ^^).
L'année 2008 devrait marquer mon entrée dans le royaume de Dick!!!
Encore une fois, merci de me guider dans cet océan littéraire, tu es mon phare!!!